20 mai 2025
20 mai 2025

Du pape François à Léon XIV : continuité ou rupture annoncée dans l’enseignement social de l’Eglise ?

Cet article constitue avant tout un hommage au pape François, tout en illustrant brièvement la manière dont le pape Léon XIV s'inscrit dans la continuité de la tradition sociale de l'Église et du Pape François.

par  Michel Simo Temgo SCJ

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Résumé :

Cet article rend hommage au Pape François, dont nous avons eu le privilège d’étudier l’enseignement dans le cadre de notre thèse doctorale. En mettant en lumière la continuité de sa pensée avec la tradition sociale de l’Église, nous nous penchons sur les premières prises de parole du Pape Léon XIV afin de déterminer si son pontificat s’inscrit dans la continuité de celui de son prédécesseur ou marque une rupture annoncée. À la lecture de ses premières déclarations publiques, il apparaît clairement que Léon XIV a affirmé vouloir poursuivre l’œuvre de son prédécesseur, en restant fidèle à la tradition sociale de l’Église. Toutefois, il est possible que son pontificat soit également façonné par son charisme personnel et par l’influence de son ordre religieux, à l’image du discernement spirituel qui caractérisait le pontificat du Pape François.

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Introduction

À la suite du décès du Pape François, une question essentielle subsiste : comment définir son pontificat à la lumière de l’Enseignement Social de l’Église ? A-t-il marqué une continuité fidèle aux traditions sociales ou introduit des éléments de rupture dans l’approche doctrinale ? Homme aux multiples facettes, le Pape François s’est rapidement vu attribuer le surnom de « Pape des pauvres », reflet de son style de vie modeste et de son engagement auprès des populations marginalisées. Pourtant, son mandat a été marqué par des gestes inattendus que lui seul pouvait justifier, renforçant son image singulière. Bien que certains aient promptement considéré François comme un pape réformateur, leur opinion a souvent évolué face à l’absence des changements qu’ils espéraient dans l’Enseignement Social de l’Église.  Il ne fait aucun doute que le Pape François a fait du Concile Vatican II un axe central de son pontificat, mettant l’accent sur la synodalité et le peuple de Dieu.

Son successeur, Léon XIV, élu le jeudi 8 mai 2025, jour symbolique de la commémoration de la victoire sur le nazisme, souligne avec clarté la continuité de l’enseignement de son prédécesseur. Il exhorte les cardinaux et l’Église à poursuivre dans la dynamique du Concile Vatican II et son actualisation par le pape François, notamment à travers l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, qu’il cite abondamment, ainsi que la Constitution Gaudium et Spes[1]

Lors de sa première bénédiction Urbi et Orbi, le Pape Léon XIV lui avait rendu un hommage appuyé, exprimant ainsi la continuité avec l’héritage du Pape François : « Nous entendons encore dans nos oreilles cette voix faible mais toujours courageuse du Pape François bénissant Rome ! Le Pape bénissant Rome a donné sa bénédiction au monde, au monde entier, ce matin de Pâques. Permettez-moi de poursuivre cette même bénédiction. »[2].

Cet article constitue avant tout un hommage au pape François, tout en illustrant brièvement la manière dont le pape Léon XIV s’inscrit dans la continuité de la tradition sociale de l’Église et du Pape François.

Dans cet article structuré en deux points, nous commencerons par montrer comment le Pape François s’inscrit dans la tradition sociale de l’Église. Puis, nous illustrerons comment Léon XIV inscrit son action dans la continuité de la tradition sociale de l’Église et de son prédécesseur. Nous évoquerons notamment des thèmes chers au pape François, tels que le concept de Église missionnaire (qui nous rappelle le thème du disciple missionnaire), auquel le pape Léon XIV a fait allusion lors de sa bénédiction Urbi et Orbi. Par ailleurs, nous aborderons la question de la révolution technologique et la nécessité d’un encadrement éthique. Le pape François n’a cessé de souligner la nécessité d’un encadrement éthique, notamment en ce qui concerne le développement de l’intelligence artificielle. Le pape Léon XIII reconnait qu’aujourd’hui nous sommes plongés dans une nouvelle révolution industrielle, portée par les avancées de l’intelligence artificielle.

  1. Le pape François et l’Enseignement Social de l’Église

Notre étude dans cette section portera sur l’analyse des documents sélectifs de l’enseignement social de l’Église que le pape François cite au chapitre quatre de Evangelii Gaudium (EG). Cette exhortation est considérée par plusieurs théologiens comme la feuille de route de son pontificat. Le chapitre quatre de EG est intitulé « La dimension sociale de l’évangélisation ». Les documents sélectionnés sur la question sociale sont les suivants La lettre encyclique Populorum Progressio (1967), la lettre apostolique Octogesima Adveniens (1971), le Compendium de la doctrine sociale de l’Église (2004), la lettre encyclique Deus Caritas Est (2005), et la lettre encyclique Caritatis in Veritatae (2009)[3].

I.1 François et Paul VI sur le développement intégral et le concept de libre-échange

L’un des écrits les plus influents sur le développement intégral après Vatican II est Populorum Progressio (PP), une lettre encyclique publiée par Paul VI le 26 mars 1967. Le pape François y fait référence à trois reprises dans le chapitre quatre de EG. PP met l’accent sur l’attention portée aux pauvres et accorde une attention particulière aux nations les plus pauvres et à la justice internationale. Ce qui est dit dans Populorum Progressio à propos de l’attention portée aux nations les plus pauvres se retrouve également dans la lettre apostolique motu proprio, Catholicam Christi Ecclesiam, publiée la même année par Paul VI pour établir le Conseil des laïcs et la Commission pontificale pour l’étude de la justice et de la paix. L’objectif de la Commission pontificale était de rappeler au peuple de Dieu sa mission aujourd’hui, en particulier pour favoriser le progrès des nations les plus pauvres et la justice sociale internationale (PP 5).

Dans la première partie de son encyclique, le pape Paul VI donne un aperçu du problème du sous-développement dans le monde.[4] Il commence par évoquer le fossé qui sépare les pays riches des pays pauvres. En outre, il souligne les signes d’agitation sociale parmi les classes sociales les plus pauvres, qui se répandent en même temps que le développement industriel dans le monde (no 8-9). Pour ces raisons, l’Église catholique est invitée à suivre les pas de Jésus-Christ qui a prêché la Bonne Nouvelle aux pauvres comme signe de sa mission (PP 12).

Le Pape François fait référence à PP 14 lorsqu’il établit la relation entre la Bonne Nouvelle et la vie sociale. Il doit y avoir une relation entre la lecture de l’Écriture et la vie sociale parce que notre réponse d’amour à Dieu ne doit pas être considérée simplement comme « une accumulation de petits gestes personnels envers des individus dans le besoin, une sorte de « charité à la carte », ou « une série d’actes visant uniquement à soulager notre conscience.  L’Évangile, c’est le royaume de Dieu (cf. Lc 4, 43), c’est l’amour de Dieu qui règne dans notre monde » (EG 180). Pour le Pape François, le développement intégral doit être le principe de discernement qui doit s’appliquer au vrai développement, qui s’adresse à « tous les hommes et à tout l’homme » (PP 14, EG 181).

Parlant de l’usage de la propriété privée, Paul VI insiste sur le devoir des riches envers les pauvres. Avant tout, donner aux pauvres, c’est leur rendre ce qui leur appartient, comme l’ont perçu les Pères de l’Église. Le texte est le suivant :  « Tout le monde sait que les Pères de l’Église ont défini en termes clairs le devoir des riches envers les pauvres. Comme l’a dit saint Ambroise : « Vous ne faites pas don au pauvre de ce qui vous appartient, mais vous lui rendez ce qui lui appartient. Vous vous êtes approprié des choses qui sont destinées à l’usage commun de tous. La terre appartient à tous, pas aux riches ». (PP 23)

Le pape Paul VI cite également ses prédécesseurs lorsqu’il souligne le fait que les nations plus pauvres en biens économiques ont une sagesse à offrir aux nations riches. Il mentionne également la richesse des traditions culturelles que l’on peut trouver dans les pays pauvres comme dans les pays riches. Il évoque les tentations que les nations les plus riches font peser sur les plus pauvres en les incitant à faire de la prospérité temporelle leur objectif principal (PP 40-41). De même, le pape suggère que les richesses superflues des nations riches soient données aux pauvres. Pour lui, l’avarice persistante des nations riches suscitera le jugement de Dieu et la colère des pauvres. C’est pourquoi le pape Paul VI suggère la solidarité avec les nations les plus pauvres (PP 49).

Parlant de l’équité entre les nations riches et pauvres, le Pape Paul VI reconnait l’effort qui a été fait pour aider les nations en voie de développement. Mais il affirme qu’il y a un risque que cet effort soit inutile s’il y a des relations commerciales injustes entre les riches et les pauvres (PP 56). Pour lui, le principe du libre-échange n’est plus suffisant pour réglementer les accords internationaux et ne fonctionne que lorsque les deux parties sont à peu près égales sur le plan économique (PP 58).

Le Pape Paul VI reconnaît que le Pape Léon XIII avait déjà soulevé le problème au RN en parlant du juste salaire pour les travailleurs. On peut le lire : « Dans Rerum Novarum, ce principe a été établi en ce qui concerne le juste salaire du travailleur individuel ; mais il doit être appliqué avec la même force aux contrats conclus entre les nations : les relations commerciales ne peuvent plus être fondées uniquement sur le principe de la concurrence libre et sans entraves, car elle crée très souvent une dictature économique. Le libre-échange ne peut être qualifié de juste que lorsqu’il se conforme aux exigences de la justice sociale » (PP 59).

Dans cette perspective, Paul VI propose le principe de solidarité comme objectif à atteindre pour le développement humain. François y fait référence comme suit : « Nous devons grandir dans une solidarité qui « permette à tous les peuples de devenir les artisans de leur destin », puisque « chaque personne est appelée à se réaliser » (PP 65, 15, EG 190). François fait également référence à la PP lorsqu’il analyse la relation entre les principes du bien commun et la paix dans la société. La paix n’est pas seulement une absence de guerre, mais elle se fonde aussi sur les efforts déployés jour après jour pour établir une parfaite justice et la répartition des richesses (PP 76, EG 219). Cela évoque le solennel appel du Pape Léon XIV après l’Angelus du dimanche 11 mai, exhortant les grands dirigeants de ce monde à œuvrer en faveur d’une paix authentique et durable.

Décrivant le développement comme un nouveau nom pour la paix, le pape Paul VI appelle à l’efficacité et à la générosité de la charité des nations riches envers les pauvres. Il appelle à lutter contre la pauvreté matérielle et les conditions injustes des pauvres afin de promouvoir non seulement le développement spirituel de l’homme, mais aussi son développement moral, qui profite à l’ensemble de la race humaine.  Le pape Paul VI affirme clairement que l’extrême disparité entre les nations peut provoquer la jalousie et la discorde. Elle peut aussi mettre en péril la paix. La mission de l’Église est de lutter contre la pauvreté, ce qui implique un développement spirituel et moral. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais elle est surtout une forme parfaite de justice entre les hommes et les femmes (PP 76).

Enfin, le pape Paul VI invite les éducateurs à inciter les jeunes à aider les nations dans le besoin et encourage les médias à promouvoir l’entraide entre les pauvres. Cela permet de prendre conscience du spectacle de la misère et de la pauvreté. Il met également en évidence le fait que les nations riches ont tendance à les ignorer lorsque les pauvres se tiennent devant leurs portes et attendent de recevoir quelques restes des banquets (PP 83). L’originalité de Populorum Progressio réside non seulement dans l’idée d’un développement intégral, mais aussi dans la question des relations de pouvoir asymétriques dans la quête du développement. Le véritable développement humain dépasse les critères économiques, il implique une humanisation permanente.[5]

Le pape François fait référence également à la lettre apostolique Octogesima Adveniens. À l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de Rerum Novarum (14 mai 1971), le pape Paul VI a adressé la lettre apostolique Octogesima Adveniens (OA) au président du Conseil des laïcs et de la Commission pontificale Justice et Paix, le cardinal Maurice Roy. L’intention du pape n’était pas seulement de commémorer l’anniversaire de Rerum Novarum, mais aussi d’inciter à l’action en faveur de la justice sociale (OA 1). Cette lettre apostolique était dominée par des questions de justice telles que la justice sociale, la solidarité et la paix.

Le pape Paul VI a répondu aux aspirations du monde entier en matière de justice. Il déclare : « De toutes parts monte l’aspiration à plus de justice et le désir d’une paix mieux garantie dans le respect mutuel des personnes et des peuples. » (OA 2) Néanmoins, le pontife reconnaît que l’Église ne peut pas apporter de solutions à toutes les questions sociales. Le pape François y fait référence dans EG dans les termes suivants : « Ni le pape ni l’Église n’ont le monopole de l’interprétation des réalités sociales ou de la proposition de solutions aux problèmes contemporains. Je reprendrai ici l’observation perspicace du pape Paul VI : « Face à des situations si diverses, il nous est difficile d’émettre un message unifié et de proposer une solution qui ait une validité universelle. Ce n’est pas notre ambition, ni notre mission. Il appartient aux communautés chrétiennes d’analyser avec objectivité la situation propre à leur pays » (OA 4, EG 184).

En ce qui concerne les pauvres, le pape Paul VI parle de ce qu’il appelle les « nouveaux pauvres », qui sont les victimes du changement. Il les décrit comme « les handicapés et les inadaptés, les personnes âgées, les différents groupes de personnes en marge de la société ». (OA 15) C’est sur eux que l’Église porte son attention « pour les reconnaître, les aider, défendre leur place et leur dignité dans une société durcie par la compétition et l’attrait du succès ». (OA 15) Le Pape voit dans cet engagement de l’Église en faveur des pauvres une action concrète inspirée par l’Évangile.

Inspiré par l’Évangile, le pape Paul VI appelle à la solidarité des plus fortunés avec les pauvres. En s’y référant, le pape François remarque que la planète appartient à toute l’humanité et que ce n’est pas parce que les gens sont nés dans des endroits avec moins de ressources ou moins de développement qu’ils ne peuvent pas vivre avec dignité. Dans la même lignée que ses prédécesseurs, François déclare : « Il faut répéter que « les plus fortunés doivent renoncer à certains de leurs droits pour mettre plus généreusement leurs biens au service des autres » [155]. [Pour parler correctement de nos propres droits, nous devons élargir notre perspective et entendre le plaidoyer d’autres peuples et d’autres régions que ceux de notre propre pays. Nous devons grandir dans une solidarité qui « permettrait à tous les peuples de devenir les artisans de leur destin », [156] car « toute personne est appelée à se réaliser » (EG 190).

Un autre document principal de la doctrine sociale de l’Église auquel François fait référence à est le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église (CDSE). La section suivante se concentrera sur l’analyse des références de François à ce document dans le chapitre quatre d’EG.

III.2 Le Pape François et le CDSE

Parlant de la continuité du pape François avec la doctrine sociale de l’Église, le jésuite Thomas Massaro évoque une interview donnée par François sur son enseignement social dans EG : « Dans l’Exhortation (EG), je n’ai rien dit qui ne soit pas déjà dans les enseignements de la doctrine sociale de l’Église ».[6] Le CDSE a été publié à Rome 2004 sous la direction du cardinal Martino, alors président du Conseil pontifical pour la justice et la paix.[7]

Le Pape François fait référence à CDSE 9 en invitant les pasteurs de l’Église à tirer les conclusions pratiques de l’enseignement social afin qu’il puisse avoir un impact sur la réalité (EG 182). François souligne l’interconnexion entre la proclamation de la Bonne Nouvelle et la réalité sociale. Par exemple, François fait référence à CDSE 52 qui porte sur l’Église, le Royaume de Dieu et le renouvellement des relations sociales.

Lorsqu’il parle de l’enseignement social d’EG, le Pape François fait référence au CDSE comme un outil approprié pour analyser les questions sociales (EG 184). Pour Massaro, le pape François « (dans un élan de modestie) minimise le contenu de l’enseignement social de son propre document et oriente le lecteur vers une autre publication de l’Église (un ouvrage de référence intitulé Compendium de la doctrine sociale de l’Église, publié par le Saint-Siège plus d’une décennie auparavant) ».[8] Défendant l’inclusion des pauvres dans la société, le Pape François fait référence également à CDSE 157 pour étayer ses arguments. Cet extrait du CDSE plaide en faveur des droits des personnes et des nations, qui sont inscrits dans le droit international relatif aux droits de l’homme. C’est sur cela que repose la paix pour le monde entier et c’est pourquoi le cri des peuples entiers, des peuples les plus pauvres de la terre, doit être entendu (EG 190).

III.3 François et Benoît XVI : Le rôle de l’Église dans l’espace public

Le pape François fait référence à la lettre encyclique Deus Caritas Est sur l’amour chrétien (DCE)[9] lorsqu’il établit la relation entre l’enseignement social de l’Église et les questions sociales (EG 182-86). La lettre encyclique DCE du pape Benoît XVI a été publiée le 25 décembre 2005. Celle-ci analyse les différentes dimensions de l’amour. Il y a trois dimensions de l’amour. La première et la deuxième dimension sont l’amour en tant qu’eros et philia, mots grecs désignant l’amour ou l’amitié. La troisième dimension est l’amour agapè, un autre mot grec qui renvoie à la conception chrétienne de l’amour. La figure symbolisée par l’amour agapè est Jésus. Il est l’amour de Dieu incarné. L’amour de Dieu trouve son apogée en lui. Selon Benoît XVI, le prochain est un pauvre dans le besoin (DCE 15). Bien qu’il s’agisse dans ce cas de l’humanité tout entière, le concept de prochain reste concret. Le mot « prochain » appelle un engagement individuel. Le devoir de l’Église est d’interpréter à nouveau les relations humaines dans la vie quotidienne en prenant comme critère le Jugement dernier (Mt 25, 31-46). Pour Benoît XVI, « l’amour de Dieu et l’amour du prochain ne font plus qu’un : dans le plus petit des frères, nous trouvons Jésus lui-même, et dans Jésus, nous trouvons Dieu » (DCE 15).

L’amour du prochain est la responsabilité de chaque fidèle et de l’Église. L’Église doit pratiquer et organiser l’amour au service de la communauté afin qu’il n’y ait plus de distinction entre riches et pauvres (DCE 20). Le pape note que la charité est constitutive de la Bonne Nouvelle depuis le début de l’Église. En effet le pape Benoît XVI ressuscite un terme de l’enseignement social dont on n’avait plus entendu parler depuis le Synode mondial des évêques de 1971.[10]

Le pape François fait référence à la DCE 28 où le pape Benoît XVI souligne le rôle important de l’Église dans l’espace public. François affirme que personne ne peut prétendre « s’enfermer dans une église et faire taire le message de saint François d’Assise ou de la bienheureuse Teresa de Calcutta » (EG 183). Pour le pape François, une foi authentique implique toujours un profond désir de changer le monde. Même si l’Église ne doit pas s’engager elle-même dans des batailles politiques, elle ne doit pas rester en marge de la lutte pour la justice (DCE 28).

Le pape François fait référence également à la lettre encyclique Caritas in Veritate sur le développement humain intégral dans la charité et la vérité (CV) écrite par le pape Benoît XVI et publiée le 29 juin 2009. Quarante-deux ans après Populorum Progressio du pape Paul VI, le pape Benoît XVI entend, par cette lettre encyclique, rendre hommage à son prédécesseur et honorer sa mémoire en revisitant son enseignement sur le développement humain intégral (CV 8).

Le pape François revient sur CV 2, qui définit la charité comme le noyau central de l’enseignement de l’Église. Il cite ce numéro pour encourager les chrétiens à s’impliquer dans la politique, car il existe une interconnexion entre la vocation de l’homme politique, qui est l’une des formes les plus élevées de la charité, et la recherche du bien commun. Le pape François déclare : « Je demande à Dieu de nous donner davantage d’hommes politiques capables d’un dialogue sincère et efficace, visant à guérir les racines profondes – et pas seulement les apparences – des maux de notre monde ! La politique, bien que souvent dénigrée, reste une noble vocation et l’une des formes les plus élevées de la charité, dans la mesure où elle recherche le bien commun [174]. Nous devons être convaincus que la charité « est le principe non seulement des micro-relations (avec les amis, les membres de la famille ou au sein de petits groupes) mais aussi des macro-relations (sociales, économiques et politiques) » [175]. Je prie le Seigneur de nous accorder plus d’hommes politiques qui soient réellement préoccupés par l’état de la société, des personnes, de la vie des pauvres ! Il est vital que les chefs de gouvernement et les leaders financiers en tiennent compte et élargissent leurs horizons, en travaillant pour assurer à tous les citoyens un travail, une éducation et des soins de santé dignes » (EG 205).

  1. Le Pape François et Léon XIV : Continuité ou rupture annoncée ?

II.1 Le Pape François : une Église en sortie et le disciple missionnaire

Lors de son discours inaugural après son élection, le Pape Léon XIV a évoqué un thème central du pontificat du Pape François : celui d’une Église missionnaire, ouverte sur le monde et bâtissant des ponts. Il a réaffirmé l’importance de proclamer l’Évangile dans une société où l’accueil de la foi chrétienne varie selon les contextes et sensibilités. Cette mention rappelle le concept du disciple missionnaire souvent évoqué par son prédécesseur. Lors de la messe avec les cardinaux après son élection, le Pape Léon XIV a décrit l’Église comme « une communauté d’amis de Jésus, des croyants qui annoncent la Bonne Nouvelle, qui proclament l’Évangile. »[11] Ainsi, nous sommes appelés à annoncer Jésus-Christ, qui s’est fait proche de nous. Cependant, il est conscient que cette mission s’inscrit dans un contexte où la Bonne Nouvelle est accueillie de manière diverse et où la foi chrétienne est perçue différemment. Il souligne : « Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l’a enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Christ Sauveur. »[12]

Il n’est guère étonnant que le Pape Léon XIV mette en avant ce thème, ayant lui-même été missionnaire et évêque au Pérou. Son parcours l’a conduit à une expérience directe de la proximité avec les périphéries, façonnant ainsi sa vision pastorale et son engagement pour une Église en sortie. Voyons maintenant ce que signifie ce thème d’une Église missionnaire chez le Pape François.

L’exhortation apostolique Evangelii Gaudium du pape François (2013) met en avant la notion de « joie missionnaire », qui inspire et mobilise la communauté des disciples. Cependant, au lieu de se limiter à une réflexion sur les disciples, ce texte développe le concept de « disciple missionnaire », présenté comme la vocation essentielle et le rôle primordial de tous les chrétiens. Ce message s’inscrit dans le contexte des défis mondiaux et locaux contemporains, notamment les transformations rapides de cette époque « charnière », qui, malgré leurs avancées significatives, exacerbent les inégalités et portent atteinte à la dignité humaine. (EG 2-4).[13] Le disciple missionnaire est présenté comme un état d’être personnel propre à tous les chrétiens. Cet état ne repose ni sur la position occupée au sein de l’Église, ni sur les ambitions ou les talents individuels, ni même sur l’ampleur de la foi de chacun. Il trouve sa source exclusivement dans le sacrement du baptême.

Le disciple missionnaire est tout chrétien qui écoute l’œuvre de Dieu dans le monde, observe l’action de Dieu, puis agit en conséquence. Celui-ci s’engage dans la transformation missionnaire de l’Église, que le pape François décrit comme une « Église en sortie », c’est-à-dire une Église moins préoccupée par elle-même et plus tournée vers les périphéries[14]. Le Pape François encourage les disciples missionnaires à être audacieux, à inventer de nouvelles routes, et à se concentrer sur ceux et celles qui sont en dehors de l’Église, comme les incroyants, les pauvres et les marginaux. Il insiste sur le fait que les disciples missionnaires ne sont pas des propagandistes de l’Évangile, mais cherchent à rendre compte de la joie d’être chrétien.[15]

Le disciple-missionnaire est tout baptisé, appelé à être un acteur actif de l’évangélisation. Il insiste sur le fait que chaque chrétien, par sa rencontre avec l’amour de Dieu en Jésus-Christ, devient missionnaire (EG 6-7). Il ne s’agit pas de séparer les rôles de disciple et de missionnaire, mais de les unir dans une seule identité : celle de « disciple-missionnaire » : « En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19). Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation. » (EG, 120) Le pape souligne que cette mission découle du baptême et ne nécessite pas une préparation exhaustive. Tout chrétien peut partager la joie de l’Évangile, comme l’ont fait les premiers disciples ou la Samaritaine après sa rencontre avec Jésus.

EG 24 décrit le disciple missionnaire comme une personne animée par l’amour du Christ et engagée dans une Église en sortie, tournée vers les périphéries et les besoins des plus vulnérables. Il insiste sur le fait que la mission chrétienne ne doit pas rester cloisonnée, mais qu’elle doit atteindre ceux qui sont marginalisés, pauvres et exclus. Le pape y souligne également l’importance de témoigner avec joie et simplicité, sans chercher de reconnaissance, en incarnant la miséricorde et la tendresse de Dieu. Cette mission est un appel universel, accessible à tous les croyants qui ont fait l’expérience de la rencontre avec le Christ.

Cette expérience de foi se trouve particulièrement souligner dans Evangelii Gaudium 119-121 ou le Saint Père affirme que chaque baptisé est appelé à être un disciple missionnaire. Il affirme avec force que tous les membres du Peuple de Dieu, sans exception, sont appelés à être des disciples missionnaires. Cette vocation découle directement du Baptême, qui fait de chaque croyant un porteur de la Bonne Nouvelle. Le Saint Père insiste sur le fait que cette mission n’est pas réservée à une élite spirituelle ou à des personnes particulières, mais qu’elle est universelle et accessible à tous, quels que soient l’âge, le statut ou la situation personnelle. Cette perspective réaffirme l’idée que l’Évangile s’adresse à l’humanité entière, sans discrimination ni barrière.

Le disciple missionnaire n’est pas un état stable, mais il est appelé à « devenir ». Cela exige de tout chrétien devenu disciple missionnaire une conversion continuelle, une transformation. Cela ne peut se faire sans la rencontre personnelle avec le Christ. C’est cette expérience de foi, intime et transformative, qui pousse les croyants à partager la joie de l’Évangile avec les autres. Cette joie, selon le Saint Père, ne doit pas être retenue ou gardée pour soi, mais elle doit être diffusée dans tous les aspects de la vie, y compris dans les relations, le travail et les engagements communautaires. Le Pape appelle ainsi chaque baptisé à être actif, engagé et témoin de l’amour du Christ dans le monde.

Le disciple missionnaire doit relever, en premier lieu, le défi de la Mission ou de l’Évangélisation. Il est appelé à transmettre la Bonne Nouvelle à travers une approche empreinte de douceur, fondée sur le témoignage personnel et l’exemple vécu. C’est un engagement à transformer activement tout aspect de la vie ecclésiale : habitudes, styles, horaires, langage, et structures afin qu’ils deviennent des outils efficaces pour l’évangélisation dans le monde moderne, plutôt que de servir à une simple « auto-préservation ». Cela implique une réforme des structures qui passe par une « conversion pastorale ». Cette conversion exige que tous les aspects de la pastorale soient plus ouverts, expansifs et orientés vers l’extérieur, en maintenant les agents pastoraux dans une dynamique constante de « sortie ». Cela favorise l’accueil de ceux et celles à qui Jésus offre son amitié. C’est ce que le Saint Père appelle une « Église en sortie ». Le pape François met en avant la nécessité pour l’Église d’être « dans un état permanent de mission » (E G, 25).

Cependant, le disciple missionnaire ne limite pas son travail à son propre cadre interne, c’est-à-dire l’Église, il s’investit également dans la société. C’est l’expression de l’Église en sortie qui met en lumière une dimension sociale de la mission, comme souligné dans EG 35. Nous notons l’émergence récente d’une culture consumériste négative, génératrice d’inégalités et d’exclusion qui prive les individus de leur dignité humaine. Ainsi, la mission ne se limite plus à la libération des exploités ou opprimés, mais s’étend aussi aux « laissés-pour-compte » et aux « exclus » : ceux qui sont complètement marginalisés dans les sociétés contemporaines (EG 36). Par conséquent, les disciples missionnaires sont appelés à « aller de l’avant, prendre courageusement l’initiative, aller à la rencontre des autres, rechercher ceux qui sont tombés, se placer à la croisée des chemins et accueillir les exclus » (EG 37).

Parlant de la pauvreté, le disciple missionnaire doit devenir « un instrument de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres, afin de leur permettre de s’intégrer pleinement dans la société » (EG 38). Cette mission est imprégnée de solidarité envers les plus vulnérables et réaffirme l’obligation morale de chaque chrétien de se tenir aux côtés de ceux qui sont dans le besoin (EG 39). Aussi, la mission, l’évangélisation et la praxis doivent être perçues comme les facettes d’un tout cohérent, et non comme des éléments distincts. Par conséquent, être disciple missionnaire signifie non seulement proclamer l’Évangile, mais aussi manifester l’amour divin à travers des actions concrètes. Il y a bien d’autres défis que nous ne pouvons pas développer ici comme combattre la médiocrité spirituelle et le dialogue avec la culture contemporaine.

  1. Le Pape François et la nécessité d’un encadrement éthique à l’ère numérique

L’un des temps forts du pontificat du pape François a été l’organisation en 2019 par le dicastère pour la promotion du développement humain intégral de la conférence sure : « Le bien commun à l’ère numérique ». L’expression « ère numérique », qui est également appelée « révolution numérique », « galaxie numérique »[16] , pourrait être comprise comme faisant également référence au concept d’« intelligence artificielle ».

Dans son message aux participants de cette conférence, le pape François souligne deux problèmes majeurs créés par l’ère numérique : le premier est l’utilisation de robots sur le lieu de travail, et le second est la manipulation de données et d’informations. L’utilisation de robots sur le lieu de travail est une préoccupation majeure pour l’humanité tout entière, car « les robots pourraient devenir un outil purement très efficace, utilisé uniquement pour augmenter les profits et les rendements, et pourraient priver des milliers de personnes de travail, mettant leur dignité en danger ».[17]

L’utilisation de l’intelligence artificielle comporte également des risques liés à la diffusion de fausses informations, ou « fake news » : « Il est possible, comme jamais auparavant, de faire circuler des opinions tendancieuses et de fausses données qui pourraient empoisonner les débats publics et même manipuler les opinions de millions de personnes, au point de mettre en danger les institutions mêmes qui garantissent la coexistence civile pacifique. »[18] Le Pape François souligne également d’autres changements au niveau personnel, qui rendent difficile la reconnaissance et l’appréciation des différences ; la majorité, qui n’a pas accès à l’intelligence artificielle, devient consommatrice ; il y a inégalité car la connaissance est concentrée entre les mains de quelques-uns.

Il a également soulevé de sérieuses questions éthiques sur l’industrie mondiale de l’armement. Pour lui, l’arme autonome pourrait également tomber entre de mauvaises mains, où elle pourrait être utilisée pour des attaques terroristes ou des interventions visant à déstabiliser les institutions des systèmes de gouvernement légitimes.

Conscient des défis décrits ci-dessus, le pape François appelle à une éthique pour guider l’ère numérique. Il note le développement d’une nouvelle discipline appelée l’éthique des algorithmes ou « algo-éthique »[19]. La doctrine sociale de l’Église a un rôle majeur à jouer dans ce processus, en soulignant l’importance de la dignité humaine, de la justice, de la subsidiarité et de la solidarité. Le Saint-Père appelle à une réflexion renouvelée sur les droits et les devoirs dans ce domaine de l’ère numérique, car l’ampleur et l’accélération de ces développements ont donné lieu à des problèmes et des situations imprévus qui remettent en question notre éthique individuelle et collective. [20]

C’est la personne humaine qui doit être au centre du développement de l’ère numérique : « Le concept de dignité humaine nous oblige à reconnaître et à respecter le fait que la valeur fondamentale d’une personne ne peut pas être mesurée uniquement par des données »[21] .  En 2014, dans son 48ieme message pour la Journée mondiale des communications, le pape François a appelé à une culture de la rencontre à l’ère numérique : « Il ne suffit pas d’être des passants sur les autoroutes numériques, simplement « connectés » ; les connexions doivent se transformer en véritables rencontres. »[22]

Lors de sa rencontre avec les cardinaux le 10 mai 2025, le Pape Léon XIV a souligné que le choix de son nom s’inscrit dans une nouvelle dynamique de révolution industrielle, notamment en lien avec les avancées de l’intelligence artificielle. Il a également insisté sur l’importance de poursuivre l’héritage du Pape François, en défendant la dignité humaine, la justice et le travail, face aux défis que la révolution technologique impose à l’Église.

C’est précisément parce qu’il se sent appelé à poursuivre dans ce sillage qu’il a choisi le nom de Léon XIV. Ce choix repose sur plusieurs raisons, mais principalement sur l’exemple du Pape Léon XIII, qui, à travers l’encyclique historique Rerum Novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle. Aujourd’hui, l’Église continue d’offrir à tous son héritage de doctrine sociale afin de répondre aux défis posés par une nouvelle révolution industrielle et les développements de l’intelligence artificielle, qui exigent une vigilance accrue pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail.[23]

Conclusion

D’autres thèmes, tels que l’Église synodale, ont émergé et continueront d’apparaître sans doute dans les interventions du Pape Léon XIV, témoignant d’une certaine continuité avec le Pape François. Cette continuité transparaît son discours inaugural, où l’on retrouve des thèmes chers à son prédécesseur, tels que : Église synodale et Église bâtisseuse de ponts. Cette approche rappelle les paroles du Pape François lorsqu’il évoquait une Église en sortie. Le Pape Léon XIV reprend cette idée en affirmant : « Être une Église missionnaire, une Église qui construit des ponts, qui dialogue, toujours ouverte pour recevoir, comme cette place, à bras ouverts, tous, tous ceux qui ont besoin de notre charité, de notre présence, de notre dialogue et de notre amour. » Ce message reflète une détermination à prolonger l’élan de fraternité et d’ouverture initié par son prédécesseur.

Cette continuité se manifeste aussi dans son discours lors de sa rencontre avec les cardinaux le samedi 10 mai 2025, où il fait référence non seulement à l’Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, mais également à la signification du choix de son nom. Plus qu’un simple appel à la paix, le Pape Léon XIV exhorte à l’établissement d’une paix véritable et durable dans les régions du monde ravagées par les conflits. « Plus jamais la guerre !», a-t-il proclamé avec force, faisant écho à son prédécesseur, qui alertait déjà sur une troisième guerre mondiale fragmentée se déroulant dans différentes parties du globe. Face aux tensions géopolitiques actuelles et à ses premières paroles empreintes de fraternité du Seigneur ressuscité « La paix soit avec vous ! » (Lc 24. 36 ; Jn 20,19 ;21), de son cri d’alarme « plus jamais la guerre ! »[24], de son appel aux journalistes de « choisir la communication de la paix », il ne serait guère étonnant qu’il publie prochainement un document s’inscrivant dans la lignée de l’encyclique Pacem in Terris du Pape Jean XXIII.

Toutefois, il est essentiel de rappeler que chaque successeur de Pierre reçoit la même mission du Christ : affermir ses frères et sœurs dans la foi, tout en apportant son propre charisme. Bien que proche du Pape François, Léon XIV incarne une histoire singulière. Le choix de son nom résonne avec l’héritage laissé par Léon XIII, dont l’encyclique Rerum Novarum (1891) sur la condition sociale des travailleurs a marqué l’Enseignement Social de l’Église catholique. Les principes de justice sociale et d’option préférentielle pour les plus vulnérables, si chers au Pape François, se sont manifestés dès les premières paroles du nouveau pontife. Son choix de nom est également motivé par la nouvelle révolution industrielle et les développements de l’intelligence artificielle.

Peut-être nous attendons-nous à une première encyclique sur ces avancées technologiques. À cet égard, il convient de souligner Antiqua et Nova, une note publiée par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi et le Dicastère pour la Culture et l’Éducation du Vatican. Ce document explore la relation entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine, mettant en lumière les défis anthropologiques et éthiques posés par les progrès technologiques. Il rappelle que l’intelligence humaine est un don divin dont l’utilisation doit être guidée par la responsabilité et l’éthique, tout en avertissant des risques liés à l’autonomie croissante de l’IA, notamment son impact sur la vérité dans l’espace public et les implications en matière de responsabilité et de sécurité. Lors de sa première rencontre avec 6 000 journalistes venus du monde entier, le pape Léon XIV a reformulé le même vœu en reconnaissant que l’intelligence artificielle constitue un « immense potentiel », mais qu’elle exige discernement et sagesse afin de servir le bien commun. Il a rappelé que cette responsabilité incombe à chacun et s’inscrit dans la continuité des réflexions de son prédécesseur, le pape François, sur ce sujet essentiel.[25]

En tant que religieux augustinien, il n’est pas surprenant que son ministère pétrinien soit imprégné du charisme et de la spiritualité de son ordre. Cette identité représente une richesse pour l’Église. Tout comme François avait fait du discernement spirituel un élément central de son pontificat, on peut s’attendre à ce qu’un fils de saint Augustin y apporte sa propre sensibilité. Le thème de l’Église missionnaire mérite une attention particulière, car il est intemporel et s’enracine directement dans le mandat du Christ à ses disciples à la fin de l’Évangile selon Matthieu : « Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 19)


[1] Discours du Pape Léon XIV Au Collège Cardinalice, 10 mai 2025.

[2] Léon XIV, Message Urbi et Orbi, 8 mai 2025

[3] La majeure partie de cette section est tirée de notre thèse doctorale intitulée Jon Sobrino and Pope Francis – A New Springtime for the Preferential Option for the Poor/Vulnerable?

[4] Allan Figueroa Deck, “Commentary on Populorum progression (On the Development of Peoples)”, in Modern Catholic Social Teaching: Commentaries and Interpretations (Washington: Georgetown University Press, 2005), 292.

[5] Allan Figueroa Deck, “Commentaire sur Populorum Progressio (Sur le développement des peuples)”, 305.

[6] Thomas Massaro, Mercy in Action : The Social Teachings of Pope Francis (Londres : Rowman & Littlefield, 2018), 33.

[7] Padraig Corkery, Companion to the Compendium of the Social Doctrine of the Church (Dublin : Veritas, 2007), 7. Voir également l’évêque Raymond Field, “Foreword”, dans The Common Good in an Unequal World, ed. EOIN G. Cassidy (Dublin : Veritas, 2007), 13

[8] Massaro, La miséricorde en action, 33.

[9]

[10] Charles M. Murphy, “Charity, not Justice, as constitutive of the Church’s mission”, in Theological Studies, 68 (2007), 274.

[11] Léon XIV, Homélie du Vendredi 8 Mai 2025.

[12] Ibid.

[13] Mari-Anna Auvinen-Pöntinen, L, “ Missionary Discipleship as the Innovation of the Church in Pope Francis’ Evangelii Gaudium” in In International Review Mission, Volume104, Issue2, November 2015, Pages 302-313.

[14] Sophie de Villeneuve, Le disciple-missionnaire selon le pape François, La Croix en ligne https://www.la-croix.com/Definitions/Bible/Disciples/Le-disciple-missionnaire-selon-le-pape-Francois?form=MG0AV3&form=MG0AV3 (Consulter le 26/02/2025). Voir aussi EG 20.

[15] Idem.

[16] Pape François, Rencontre avec les participants à l’Assemblée plénière de l’Académie pontificale pour la vie, vendredi 28 février 2020.

[17] Pape François, Discours de sa Sainteté le Pape François aux participants du séminaire “Le bien commun à l’ère numérique”, vendredi 27 septembre 2019.

[18] Id.

[19] Pape François, Discours aux participants du Congrès sur la dignité de l’enfant dans le monde numérique, 14 novembre 2019. Voir également les travaux de Luciano Anbrosini, Algoethics and algocracy : Un problème existentiel en ligne :

https://ambrosinus.altervista.org/blog/algoethics-and-algocracy-an-existentive-problem-part-1/

[20] Pape François, Discours à l’Académie pontificale pour la vie, 2020.

[21] Pape François, Discours aux participants aux “Dialogues de Minerve” le lundi 27 mars 2023. Voir également le récent document du Dicastère pour la doctrine de la foi sur la dignité humaine, Dignitas Infinita, publié le 8 avril 2024.

[22] Pape François, XLVIIIe Journée mondiale de la communication, 2014 – La communication au service d’une authentique culture de la rencontre.

[23] Discours Du Pape Léon XIV Au Collège Cardinalice, Samedi 10 mai 2025

[24] Message Video après l’Angelus du Dimanche 11 mai 2025.

[25] Message Vidéo aux journalistes le 12 mai 2025.

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