Neuf points essentiels pour lire l’exhortation Dilexi Te du pape Léon XIV
Le 04 octobre 2025, en la fête de Saint François d’Assise, le Pape Léon XIV signait la publication de sa première exhortation apostolique Dilexi te, sur l’amour pour les pauvres. Le père Michel Simo nous propose neuf points essentiels pour sa lecture.
En la fête de Saint François d’Assise, le 4 octobre 2025, le Pape Léon XIV a publié sa première exhortation apostolique, Dilexi te, un texte majeur consacré à l’amour pour les pauvres. Pour guider la lecture et l’assimilation de ce document essentiel, nous vous proposons neuf points essentiels.
- « Dilexi Te », sur l’amour pour les pauvres, est le titre de la première exhortation apostolique du pape Léon XVI. Le titre fait référence à un verset du livre de l’Apocalypse : « Je t’ai aimé » (Ap 3, 9).
- Cette initiative a été initiée par le pape François et finalisée par son successeur, le pape Léon XIV. Elle s’inscrit dans le prolongement de l’exhortation Dilexit Nos sur l’amour humain et divin du Christ (DT 2-3). « Ayant hérité de ce projet déjà bien avancé, je suis heureux de le faire mien, en y ajoutant quelques réflexions » (DT 3).
- La continuité est illustrée par la référence à saint François d’Assise, évoquée par le pape Léon XIV lorsqu’il mentionne le choix du nom de son prédécesseur (DT 6). Cette option pour les pauvres s’inscrit dans une tradition chrétienne vieille de deux mille ans, avec une attention particulière pour le Concile Vatican II, même si les textes conciliaires n’en font pas beaucoup mention.
- La pauvreté est un phénomène multiple : « la pauvreté de ceux qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins matériels, la pauvreté de ceux qui sont socialement marginalisés et n’ont pas les moyens d’exprimer leur dignité et leur potentiel, la pauvreté morale et spirituelle, la pauvreté culturelle, la pauvreté de ceux qui se trouvent dans une situation de faiblesse ou de fragilité personnelle ou sociale, la pauvreté de ceux qui n’ont ni droits, ni place, ni liberté » (DT 9).
- D’un point de vue historique, le pape Léon XIV évoque non seulement comment l’option préférentielle pour les pauvres trouve ses racines dans les Écritures, mais aussi comment elle se poursuit dans les écrits des Pères de l’Église et de divers ordres et congrégations religieux.
- Le texte accorde une attention particulière à l’Enseignement Social de l’Église, retraçant l’évolution de son engagement envers les pauvres depuis l’encyclique Rerum Novarum de Léon XIII jusqu’à Caritas in Veritate du pape Benoît XVI. Il aborde également la contribution spécifique de l’épiscopat latino-américain, à la réflexion sur la relation entre l’Église et les pauvres.
- Une attention particulière est accordée aux enseignements des évêques latino-américains sur ce sujet à travers les rencontres de Medellín, Puebla, Saint-Domingue et Aparecida. Il convient de noter que la rencontre d’Aparecida a été la dernière à laquelle le cardinal Bergoglio a participé, où il a joué un rôle notable puisqu’il a été chargé par ses pairs de rédiger les conclusions de la rencontre. Le pape François s’est inspiré de ces travaux pour publier l’exhortation Evangelii Gaudium, considérée comme un document majeur de son pontificat. Le document d’Aparecida occupe ainsi une place importante dans l’élaboration de cette première exhortation du pape.
- L’évocation d’un thème du Concile Vatican II, « l’Église pauvre pour les pauvres ». Le 11 septembre 1962, un mois avant le début de Vatican II, le pape Jean XXIII a délivré un message intitulé Ecclesia Christi, lumen gentium, que l’on pourrait traduire par « l’Église du Christ, lumière des nations ». Dans ce message, le pontife a donné sa vision de l’Église comme suit : « En face des pays sous-développés, l’Église se présente telle qu’elle est et veut être : l’Église de tous et particulièrement l’Église des pauvres ». Cela signifie que, compte tenu de la situation des nations les plus pauvres, l’Église se présente et veut être l’Église de tous, en particulier l’Église des pauvres. L’Église des pauvres deviendra une expression célèbre pendant et après Vatican II. Pour la première fois, le pape Jean XXIII « a introduit le thème de « l’Église des pauvres », un sujet qui a suscité une réflexion et un débat considérables au sein de l’Aula, en particulier lors de l’élaboration de la « Constitution pastorale sur l’Église dans le monde moderne », Gaudium et Spes ». Le groupe informel qu’on a appelé « Jésus, l’Église et les pauvres » pendant Vatican II, était une réponse au souhait du pape Jean XXIII de parvenir à une Église des pauvres.
- Un aspect essentiel souligné par le pape Léon XIVconcerne la nécessité d’une implication personnelle dans la transformation des structures d’injustice ou de péché. C’est dans cette perspective qu’il met en avant l’importance de ce qu’il appelle un geste d’aide simple et de l’aumône qui est selon St. Ambroise le rétablissement de la justice, et non un geste paternaliste : « par ce geste d’aide simple, très personnel et proche, il sera possible pour ce pauvre de sentir que les paroles de Jésus s’adressent à lui : « Je t’ai aimé » (Ap 3, 9). » (DT 121)


