18 décembre – L’attente de Marie
« Hæc autem eo cogitante, ecce angelus Domini apparuit in somnis ei, dicens: Joseph, fili David, noli timere accipere Mariam conjugem tuam; quod enim in ea natum est, de Spiritu Sancto est. » (Mt 1,20)
« Pendant que Joseph avait ces pensées (troublantes), l’ange lui apparut en songe et lui dit: Joseph, fils de David, ne craignez point de prendre Marie, votre épouse; car ce qui est né en elle est du Saint-Esprit. » (Mt 1,20)
Premier Prélude. Je considère Marie portant Jésus dans son sein et Jésus vivant dans le sein de Marie.
Deuxième Prélude. Ô Marie, donnez-moi mon Sauveur et apprenez-moi à vivre comme vous dans l’union avec lui.
PREMIER POINT: Rôle de Marie avant la naissance du Sauveur.
Considérons avec amour la divine Mère du Sauveur dans ses journées d’attente. Elle est la digne dépositaire du plus riche et du plus saint dépôt qui fût jamais. Elle est le char très précieux qui porte dans son sein le Roi des rois.
Elle est le lit d’honneur, le lit de délices où repose l’époux des vierges, l’époux des âmes saintes et de toute l’Église: «Currus Israël» (2 R 2,12); «En lectulum Salomonis» (Ct 3,7).
Elle est le temple le plus auguste qui fut et qui [ne] sera jamais; l’autel sacré où s’est placé un Dieu immortel, revêtu de la chair qu’il emprunte à sa mère: «Sanctificavit tabernaculum suum Altissimus» (Ps 46,5).
Elle est vraiment remplie de grâces, comme l’ange l’a proclamé: «Ave gratia plena».
Elle porte dans son sein celui que l’apôtre salue comme rempli de grâce et de vérité: «Plenum gratiæ et veritatis» [Jn 1,14].
Elle porte la plénitude de la grâce, l’espérance de tous les hommes et leur salut prochain.
Allons à ce tabernacle auguste et prions Marie de nous rendre favorable ce Dieu Sauveur qu’elle porte dans son sein et qu’elle va enfanter pour le salut du monde.
Elle est comme l’Aurore, qui porte le soleil de justice jusqu’à son lever. Prions-la de produire au plus tôt cette lumière éternelle, qui doit éclairer tous les hommes dans les voies de la justice et du salut.
Elle est le buisson ardent, dont Moïse vit la figure. Les flammes de son amour et de sa ferveur entourent son Dieu et ne faiblissent pas un instant. Elle porte avec joie et sans fatigue son céleste et glorieux fardeau. Elle est elle-même portée spirituellement par la grâce et la vertu divine de celui qu’elle porte dans son sein. «Portans a quo portabatur» (saint Bernard). Elle est surtout mère et comme telle elle porte toutes ses pensées, toutes ses affections sur le fruit de ses entrailles. Elle pense aux paroles de l’ange Gabriel: «Cogitabat qualis esset ista salutatio» [Lc 1,29]; elle pense aux prophéties, aux promesses, au règne du Sauveur, à la passion du Rédempteur: «Conservabat omnia verba hæc in corde suo» [Lc 2,19].
Ses yeux ne tarissent pas de larmes, son cœur est tout brûlant d’amour.
Elle est mère et comme telle elle forme de son sang le sang de son enfant. Les battements de son cœur impriment le mouvement à ce cœur d’enfant, qui se forme et qui apprend à vivre.
DEUXIÈME POINT: Jésus vivant en Marie.
Le cœur de Marie était donc le propre Cœur de Jésus pendant cette période. De là sa grande sainteté, de là la nécessité de l’Immaculée Conception. Ce cœur qui devait être celui de Jésus, ne pouvait avoir appartenu au démon. De là la grande puissance d’intercession de Marie. Comment Notre Seigneur lui refuserait-il de disposer de son sang et du prix de ce sang, elle qui le lui a mis dans les veines et l’y a fait circuler, elle qui a imprimé à son Cœur ses premiers battements. Recourons donc à Marie avec une confiance entière. Demandons et nous recevrons.
Et Jésus, que faisait-il dans le sein de Marie? Il était le Verbe divin devenu muet. Son disciple bien-aimé, Jean, a dit la double génération du Verbe: Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu. Le Verbe était Dieu comme le Père céleste, qui l’a engendré de toute éternité. Par ce Verbe toutes choses ont été faites; ce Verbe était vie et le principe de la vie; il était la lumière de tous les hommes. Enfin ce Verbe s’est fait chair par amour pour les hommes. Il a voulu être engendré dans le sein d’une vierge par l’opération du Saint-Esprit.
Il sanctifiait sa mère, comme il veut nous sanctifier en habitant spirituellement en nous.
TROISIÈME POINT: Suprême humilité de Jésus.
Jésus était là, l’immensité renfermée dans un étroit espace. L’immensité divine remplit tout. Les espaces ne peuvent ni la contenir, ni la renfermer. La sagesse païenne elle-même a connu cet apanage divin. C’est par son amour infini pour les hommes que Notre Seigneur a voulu mettre des bornes à cette immensité. Il a renfermé dans ce petit corps d’enfant tous les abîmes de la science et de la sagesse, toutes les lumières de la divinité.
Ce petit cœur d’enfant est devenu le siège du divin amour, de toutes ses divines ardeurs, capables d’embraser tous les cœurs.
Le Dieu fait homme, le Créateur devenu créature est réduit à cet anéantissement. Le Verbe est là, créateur de cet univers et de toutes les créatures visibles et invisibles. Il a créé toutes choses par une seule parole et en se jouant: «Ludens in orbe terrarum» [Pr 8,31]. Il a créé les hommes du néant pour en faire ses images, pour recevoir leurs hommages et leur amour, et par un nouveau prodige de sa bonté, il se fait créature avec eux pour les sauver.
Quel exemple de charité et d’humilité!
Prière et résolutions. – Soyez louée, soyez bénie, ô Marie, tabernacle sacré qui portez le Sauveur: Bienheureuses les entrailles qui ont porté le Christ et les mamelles qui l’ont allaité (cf. Lc 11,27). Montrez-nous bientôt la face du Sauveur (Ps 80,4.8.20).
Cieux, ouvrez-vous pour laisser descendre avec le Sauveur la rosée de la grâce dans nos sillons (Is 45,8). Terre mystique, produisez le lis de Jessé. – Venez, Seigneur Jésus, venez.
Colloque avec Marie: Je la prierai de me préparer tous ces jours-ci aux grâces de Noël.



