27 novembre – Sur la vigilance
De die autem et hora nemo scit, neque angeli cœlorum, nisi solus Pater; sicut autem in diebus Noe, ita erit et adventus Filii hominis; sicut enim erant comedentes et bibentes… Vigilate ergo quia nescitis qua hora Dominus vester venturus sit (Mt 24,36-38.42).
Personne ne sait le jour ni l’heure, pas même les anges, mais Dieu seul ; comme au temps de Noé, ainsi en sera-t-il de l’avènement du Fils de l’homme. Les hommes d’alors mangeaient et buvaient sans inquiétude… Veillez donc, car vous ne savez pas l’heure où le Seigneur viendra (Mt 24,36-38.42).
Premier Prélude. Notre Seigneur conclut lui-même son discours par une exhortation à la vigilance.
Deuxième Prélude. Seigneur, faites que je ne mérite pas le reproche de n’avoir pas pu veiller une heure avec vous.
PREMIER POINT : Il faut veiller pour imiter Notre Seigneur et suivre ses conseils. – Notre Seigneur après nous avoir exhortés à la crainte filiale et à la confiance, nous recommande également la vigilance. C’est la bonté de son Cœur qui le presse. Il le fait dans notre intérêt et par amour pour nous, mais aussi dans l’intérêt de la gloire de son Père.
Ne nous a-t-il pas donné l’exemple de la vigilance la plus assidue ? Quand le démon est venu lui présenter ses tentations au désert, que faisait-il ? Il veillait et il priait. Aussi n’a-t-il eu qu’à redire au démon quelques-unes des pensées qu’il avait méditées : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain… » – « Il est encore écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu ». – « Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul» [cf. Mt 4,6-25.].
C’est ainsi que nous aurons toujours une réponse prête pour le tentateur, si nous avons l’habitude de la vigilance et de la prière.
Les Évangiles ne nous disent-ils pas combien la vigilance et la prière étaient habituelles à Notre Seigneur ? « Il s’en alla en un lieu désert et il y priait » (Mc 1,35). « Il se retira sur une montagne et il y prolongeait sa prière dans la nuit» (cf. Mt 14,23, Lc 6,12).
La vigilance de David avait figuré celle du Sauveur : «J’ai veillé, disait le psalmiste, et je me tenais solitaire comme un passereau» (cf. Ps 102,8). Au jardin de l’agonie, dans la lutte suprême contre les faiblesses de la nature humaine, n’est-ce pas à la vigilance qu’il a demandé la victoire ? Il a veillé et il a prié avec persévérance, à travers toutes les angoisses et toutes les épreuves de la crainte et de la frayeur, et il a trouvé dans cette vigilance sa force et sa consolation. Il y a puisé la résolution courageuse d’aller au-devant de la mort pour notre salut.
Dans cette même circonstance, n’est-ce pas la vigilance qu’il recommandait à ses apôtres, comme le moyen pour eux d’échapper aux tentations et au découragement. « Veillez et priez, leur disait-il, pour que vous ne cédiez pas à la tentation ». Il leur reprochait de ne pas persévérer dans la vigilance et la prière : «Vous n’avez donc pas pu, leur disait-il, veiller une heure avec moi?» [Cf. 26,40 s.] – La vigilance était la disposition habituelle du Cœur de Jésus.
Il faut donc veiller, et veiller avec Jésus.
Il l’a encore recommandé par diverses paraboles. Par celle du père de famille qui est en garde contre les voleurs… Par celle des vierges sages et des vierges folles, où le salut est la récompense de la vigilance.
DEUXIÈME POINT : Il faut veiller pour contenter Notre Seigneur et sauver notre âme. – Veillons donc pour contenter Notre Seigneur, pour réjouir son Cœur, pour nous souvenir de lui qui est notre ami, pour le servir fidèlement et délicatement.
Veillons pour sauver notre âme, à laquelle Notre Seigneur tient tant. Veillons, si nous aimons Notre Seigneur, pour conserver sa présence dans notre âme et notre union avec son divin Cœur ! Sa grâce, son amitié, n’est-elle point le plus précieux des trésors ?
N’est-il pas étrange que les hommes soient si zélés et si vigilants pour leurs intérêts temporels, pour satisfaire leur avarice ou leur ambition, et qu’ils le soient si peu pour acquérir et pour conserver le plus précieux des trésors, la grâce, l’amitié de Notre Seigneur, sa présence dans leur âme.
Veillez parce que vous êtes entourés de périls : périls du côté du démon, périls du côté des créatures, périls du côté de vos passions.
Écoutez saint Pierre, qui avait connu les graves conséquences du manque de vigilance. « Mes frères, disait-il, soyez sobres et veillez, parce que votre ennemi, le démon, rôde comme un lion pour vous dévorer. Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi (et dans la charité)» (cf. 1 P 5,8-9.]).
TROISIÈME POINT : Comment il faut veiller. – En pratique, comment veillerons-nous ? – Nous ne nous endormirons sur aucun de nos devoirs. Nous ne nous pardonnerons pas la perte d’un seul moment de notre temps. Notre vigilance s’étendra sur nos pensées, nos sentiments, nos paroles, nos actions.
Devenons vigilants comme était le roi David, qui pouvait dire : Mon Dieu, je veille dès le premier instant du jour pour penser à vous, j’aspire vers vous, mon âme brûle d’une soif ardente pour vous, mes sens même sont sous l’impression de votre présence » (cf. Ps 63,2). Et encore : « J’oublie même de manger mon pain, pour penser à vous, je veille pendant la nuit pour méditer vos grandeurs et dire vos louanges » (cf. Ps 102,5).
Mais aussi à quelle vertu s’est élevé ce saint roi par sa vigilance ! Demandons comme lui cette vertu, puisque nous sentons qu’elle nous manque : « Mon âme s’est endormie dans la tiédeur, fortifiez-moi, Seigneur, par vos paroles» (cf. Ps 119,28).
« Je dors, mais mon cœur veille », dit l’Épouse du Cantique [cf. Ct 5,2], c’est-à-dire qu’au milieu même des occupations communes, repos, travail, réfection, je garde l’impression de la présence de Dieu.
« Le sage livre son cœur à la vigilance dès le matin » (Si 39,6). Il faut nous livrer, nous attacher à la vigilance par la pensée et par le cœur.
Résolutions. – Veiller dès le matin. Veiller et prier. Veiller sur ses pensées, ses paroles, ses actions. – « Veillez, dit saint Augustin, par la foi, par le cœur, par les œuvres » (De verbo Dei). – Veillons en amis, en disciples du Cœur de Jésus.
Colloque avec Jésus recommandant la vigilance.



