Réflexion quotidienne sur les lectures de la liturgie du jour.
Je vais commencer avec une citation de notre fondateur P. Léon Dehon :
« Le 28 juin était la fête du Sacré Cœur. Je fis mes vœux. J’en avais le plus vif désir… La petite cérémonie se fit dans l’oratoire de Saint-Jean. Monsieur Rasset était là comme postulant, avec les deux Frères qui n’ont pas persévéré. Deux sœurs y assistaient aussi. Je me donnai sans réserve au Sacré Cœur de Jésus, et dans ma pensée mes vœux étaient déjà perpétuels. Mon émotion fut bien profonde. Je sentais que je prenais la croix sur mon épaule en me donnant à Notre Seigneur comme prêtre réparateur et comme fondateur d’un institut nouveau… Cette date du 28 juin 1878 sera sans doute retenue dans l’œuvre comme date de sa fondation. » C’est ce que Dehon écrit dans le treizième cahier de ses Notes sur l’Histoire de ma vie (NHV 13/76).
C’est très beau, une coïncidence heureuse, pouvoir célébrer l’anniversaire de la fondation de notre Congrégation dans un Chapitre général. Parce que l’une de nos tâches est de discerner et de décider comment donner suite à l’histoire de nos origines.
Dans l’Eucharistie, nous avons déjà célébré ce jour comme il doit l’être avant toute autre chose – dans un esprit de gratitude et de reconnaissance. Car sans ce 28 juin 1878, nous ne serions pas ici. Sans cette date, nous ne serions pas les personnes que nous sommes aujourd’hui.
J’espère qu’à côté de certaines faiblesses, de certains défis, nous pouvons embrasser avec reconnaissance le fait que Dieu nous ait appelés précisément à ce chemin, à cette famille religieuse, à cette dynamique spirituelle, à ce style apostolique. En prononçant nos propres vœux, nous avons dit : la voie dehonienne est celle sur laquelle je peux le plus être moi-même, celle sur laquelle je peux le plus me donner aux autres, celle sur laquelle je peux le plus être heureux.
Ce n’est pas nous les premiers protagonistes de nos vocations, nous ne nous sommes pas appelés nous-mêmes. C’est bien Dieu. Notre tâche consiste à reconnaître cet appel dans notre vie, à l’entendre, à y répondre.
Nous pourrions presque nous approprier la conversation de l’Évangile d’aujourd’hui. Il y est question de la foi d’un malade “Si tu le veux, tu peux me purifier” – et de la réponse-action de Jésus “Je le veux, sois purifié”.
Et ainsi, il s’agit aussi de notre foi, de notre confiance “Si tu le veux, Jésus, tu peux m’appeler. Et la réponse-action de Jésus qui nous soutient pour toujours : Je le veux – suis moi”.
Oui, est-ce que nous entendons dire Jésus : Je le veux – la Congrégation, la famille dehonienne, les présences dehoniennes aujourd’hui, la vocation de nos confrères – et aussi la nôtre ?
Nous savons combien Dehon s’est efforcé de reconnaître que la Congrégation qu’il avait fondée n’était pas l’œuvre de sa volonté, mais qu’elle était, selon ses mots, “l’œuvre de Dieu”. Que ce ne sont pas les possibilités matérielles de Dehon, ses capacités intellectuelles, sa profondeur spirituelle, que tout cela ne constitue pas le fondement de cette communauté, mais la volonté insondable et vivifiante de Dieu. Et combien Dehon tenait à ce que ses confrères puissent eux aussi reconnaître : Cette Congrégation, dont les débuts ont été si modestes et difficiles, dont le fondateur a été critiqué de différents côtés, y compris dans ses propres rangs, qui a traversé en quelques décennies des crises très différentes – c’est précisément cette Congrégation qui est “une œuvre de Dieu”, c’est précisément à cette petite et parfois pauvre Congrégation que s’applique la parole de Jésus “Je le veux”.
Et c’est à cette congrégation que s’adresse aujourd’hui encore la parole de Jésus “Je le veux”.