27 octobre 2015
27 oct. 2015

25 ans de la Maison Jean Dehon de Ngoya

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2015-10-27bis CMR

La Maison Jean Dehon de Ngoya qui abrite le scolasticat des Prêtres du Sacré-Cœur au Cameroun a célébré ses noces d’argent samedi 17 octobre dernier. La célébration avait au programme des activités sportives (football et handball) qui opposaient les jeunes des différentes paroisses où les Dehoniens œuvrent dans l’archidiocèse de Yaoundé et le diocèse d’Obala, puis un concert de musique religieuse le soir du 16 octobre 2015, animé par les choristes des mêmes paroisses ainsi que les scolastiques de la Maison Jean Dehon et une messe d’action de grâce le samedi 17 octobre présidée par le vicaire général du diocèse d’Obala à laquelle ont pris part un grand nombre de Dehoniens en service au Cameroun, beaucoup de religieux et religieuses ainsi que les fidèles des paroisses Sacré-Cœur de Leboudi, Saint Michel Archange d’Elig-Edzoa et Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus de l’Omnisports. Cette maison, qui forme les scolastiques théologiens, doit beaucoup à la Congrégation et paye ses dettes en préparant les futurs pasteurs pour les différentes missions de la Congrégation. Comment a-t-elle commencé et que fait-elle aujourd’hui?

 2015-10-27 CMRGenèse de la Maison Jean Dehon de Ngoya

Qu’est-ce qui a amené les Dehoniens à Ngoya et comment s’y sont-ils installés?

La présence des Dehoniens à Ngoya a débuté avec la création de l’Ecole théologique Saint Cyprien en 1979 par les Pères CICM appelés aussi les Pères de Scheut. La Maison se trouve aujourd’hui au milieu de la constellation d’autres scolasticats regroupés à Ngoya autour de l’Ecole théologique Saint Cyprien et qui ont pour vocation d’encadrer les futurs prêtres. La Maison Jean Dehon est le deuxième scolasticat à voir le jour à Ngoya après celui des Pères CICM.

C’est en octobre 1980 que deux Dehoniens s’inscrivent comme étudiants à l’ETSC de Ngoya. Il s’agit d’André Eluti, camerounais, venu du noviciat de Ndoungué, qui avait déjà fait la philosophie à Otélé (Cameroun), et son confrère Zaïrois, Zénon Sedenke Mouzho, actuellement Supérieur de la Province dehonienne de la RDC, venu de Kinshasa. Les deux Dehoniens habitaient chez les CICM et se rendaient les week-ends chez le Père Joseph Zerr à Nkongoa, l’unique lieu où se trouvait un Dehonien dans l’archidiocèse de Yaoundé à l’époque.

En 1984, l’Ecole théologique de Ngoya, devenue consortium de trois Congrégations, Scheutistes, Dehoniens et Missionnaires du Sacré-Cœur d’Issoudun,[1] on a voulu la déplacer à Yaoundé. La maison des CICM abritant en plus des étudiants scheutistes, ceux des autres Congrégations, n’avait plus suffisamment de places. Les Dehoniens avaient trois scolastiques qui terminaient la philosophie au Zaïre et devraient dans une année débarquer au Cameroun pour la théologie.[2] C’est ainsi qu’ils vont acheter aux Jésuites une propriété de 2000 m² avec une maison d’habitation située au quartier Omnisports de Yaoundé qu’ils baptiseront maison André Prévot[3], pour faire leur scolasticat.

Pour des raisons économiques, l’Ecole théologique Saint Cyprien ne viendra pas en ville comme prévu. La distance entre la maison André Prévot et l’école théologique de Ngoya est à plus de 25 km. Les scolastiques dehoniens s’y rendent à motocyclette, mais les intempéries et la situation de la route ne favorisant pas bien une vie estudiantine, le Frère Engelbert Fotsing les accompagne en voiture chaque matin et revient les chercher à midi. Là aussi, les embouteillages aux heures de pointe ne leur sont pas favorables. Ces raisons vont forcer les Dehoniens à la recherche d’un autre terrain tout près de l’école théologique pour bâtir le nouveau scolasticat.[4]

Le Père Léon Kamgang, curé de la paroisse Saint Michel Archange d’Elig-Edzoa d’alors s’active et avec l’aide des Pères scheutistes pour trouver ce terrain où nous nous situons à présent. Il est à un kilomètre de l’école théologique Saint Cyprien et à 11 km de l’université catholique de l’Afrique centrale de Nkolbisson. Le terrain est acheté en 1988. La propriété n’était au départ que de 4 ha. Les travaux de construction démarrent une année après et durent un an. Le 1er juillet 1990, les scolastiques (les Frères Léonard Ghomo, Albert Lingwengwe, le Frère Engelbert Fotsing, économe), les Pères Georges Sezik, Natale Caglioni et Carlos Biasin quittent la Maison André Prévot pour s’installer à la Maison Jean Dehon de Ngoya.[5] Ils seront rejoints une année après par les Frères Léopold Mfouakouet, David Tachago et Jean-Marie Signié venus du Zaïre et le Frère Pontien Biajila venu du noviciat de Ndoungué. Le Père Carlo Biasin, supérieur de la communauté meurt en janvier 1992[6] et sera remplacé en juin de la même année par le Père Antonio Panteghini, ancien supérieur général de la Congrégation, destiné au départ pour le Zaïre.[7] Le Père Antonio passera dix ans de supériorat à la tête de la Maison Jean Dehon et le gros des travaux, tout comme l’agrandissement de la propriété sera son œuvre. Comme disait le chef hier, il est le Dehonien le plus connu par les habitants de Ngoya, non seulement à cause de la durée de son séjour ici mais aussi et surtout de son implication pour les œuvres sociales dans le village. Le Père André Conrath succède au Père Antonio comme supérieur de 2002 à 2006, puis ce seront les Pères Jean-Marie Signié, Léopold Mfouakouet et David Tachago.

La Maison Jean Dehon sera agrandie au fil des ans comme nous l’avons dit en superficie et en bâtiments. Aujourd’hui la concession peut être estimée à 10 ha. Le bâtiment A, la maison en étage, est donc achevé en 1990. Le bâtiment B voit le jour un an après en 1991 et le bâtiment C est construit en 1992. La chapelle, calquée sur le modèle des cases traditionnelles de l’ouest-Cameroun est l’œuvre du Frère Antoine Touw, un dehonien hollandais. Elle a été inaugurée le 29 septembre 1999 et dédiée à la mémoire des missionnaires. A cause de la guerre au Congo Démocratique (ancien Zaïre), deux générations de scolastiques ne sont pas allées à Kisangani pour la philosophie et on a été obligé d’ajouter le bâtiment D qui s’achève en 2000. Il est au départ le bâtiment des scolastiques philosophes mais aujourd’hui, il abrite les étudiants en théologie et est appelée le bâtiment Léon Kamgang. La Maison Jean Dehon ne forme pas les jeunes uniquement aux études intellectuelles et à la vie spirituelle. Elle les forme aussi à l’entretien de l’environnement, à l’agriculture et à l’élevage. Ses fermes se trouvent dans les bas-fonds de la concession.

De 1996 à 2002, la Maison Jean Dehon hébergera aussi les scolastiques Mozambicains. Aujourd’hui, les étudiants de trois nationalités partagent la vie de la Maison Jean: Indien, Congolais de la RDC et Camerounais. Dans la Congrégation, La Maison Jean Dehon est considérée comme le pôle francophone dehonien de formation théologique en zone Afrique, la zone anglophone étant à Pietermaritzburg en Afrique du Sud.

En 25 ans d’existence, à peu près 200 étudiants ont séjourné chacun pendant 4 ans à la Maison Jean Dehon. Cette célébration, comme dirait Hérodote, le Père des historiens, est aussi pour sauver de l’oubli, le passage et les actions des hommes qui ont inscrit leur vie dans cette maison et qui, j’en suis sûr portent les traces de leur passage ici partout où ils œuvrent. Nous nous attendons à accueillir dans un futur proche des étudiants angolais, à noter que le premier a terminé ses études l’année dernière ici, les étudiants sud-africains, tchadiens et d’autres pays d’Afrique et du monde qui désirent faire leur théologie en français.

 


[1] Cf « Cameroun », in Informations dehoniennes, (16.05.1985), 65.

[2] Cf Léon Kamgang, « Le scolasticat de Yaoundé », in Informations dehoniennes, (08. 11. 1986), 91.

[3] André Prévot (1840-1913) est l’un des premiers compagnons du Père Dehon. Il a grandement influencé la spiritualité de la Congrégation avec la théologie de l’oblation. Maîtres de novices pendant 21 ans (1886-1907), il a marqué beaucoup de premiers Dehoniens par sa vie religieuse exemplaire. Cf Léon Kamgang, Autobiographie III, p. 313.

[4] Cf Idem, « Le scolasticat de Yaoundé », in Informations dehoniennes, (08.11.1986), 91.

[5] « Nouvelles brèves », in Informations dehoniennes, (14. 09. 1990), 96.

[6] Cf Natale Caglioni, « Souvenir d’un confrère », in Informations dehoniennes, (février 1992), 44-45.

[7] Cf « Le départ du P. A. Pantheghini pour le Cameroun », in Informations dehoniennes, (juillet – août 1992), 102.

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