15 juin 2022
15 juin 2022

Les Dehoniens au Mozambique : 75 ans de présence à cœur ouvert

Les Dehoniens au Mozambique célèbrent 75 ans de présence. Une occasion de retracer la naissance de la présence dehonienne, son développement, les difficultés rencontrées, le service apostolique auquel les frères sont appelés aujourd'hui.

par  Sandro Capoferri, scj

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C’était le 14 mars 1947 lorsque le navire transportant quatre prêtres dehoniens du Portugal au Mozambique est entré dans les eaux territoriales de la province ultramarine du Mozambique de l’époque. Et le 27 mars de la même année, les quatre pionniers arrivent à la mission d’Alto Molocue, dans le nord de la province de Zambezia.

Ce sont les pères : Pietro Comi, Agostino De Ruschi, Luigi Pezzotta et Raffaele Pizzi, originaires de la province italienne, qui deviendra plus tard l’Italie du Nord.

Les débuts de la mission

Avec eux commence la présence dehonienne dans la partie sud-est de l’Afrique, alors colonie portugaise. Avant d’arriver au Mozambique, ils ont passé de longs mois de préparation au Portugal, notamment pour l’étude de la langue portugaise. Et c’est également ainsi qu’est née la présence dehonienne au Portugal, et précisément en 1947. L’un des objectifs était précisément de préparer des missionnaires pour le Mozambique.

Une fois au Mozambique, les frères dehoniens se sont vus confier la partie nord de la Zambezia, qui a été peu à peu évangélisée et remplie de la présence des communautés dehoniennes. Peu à peu, des “missions” sont nées, axées sur l’évangélisation et la promotion humaine. De Molocue à Nauela, puis à Gurue et Lioma, à Ile et Mulevala, à Namarroi, à Molumbo, à Gilé et Muiane et Ligonha, à Pebane, Mwalama, Naburi et Mocubela et dans la ville de Quelimane et ensuite Maputo. C’est ainsi que s’est écrite l’histoire de l’église dans cette partie du pays, le nord de la Zambezia, avec un style de présence et de travail pastoral qui a conduit d’abord à la formation des catéchistes pour soutenir pleinement le service des prêtres, puis à la naissance de l'”église ministérielle”, avec la création de “petites communautés ministérielles”, une intuition de l’église mozambicaine favorisée précisément par la réflexion et le service des Dehoniens (naturellement en communion avec d’autres congrégations présentes dans le nord du pays). Ce style ecclésial s’est bien incarné dans l’église de Zambezia, et la caractérise encore aujourd’hui.

Résister aux côtés du peuple

Après avoir traversé l’expérience quelque peu grisante de l’Indépendance du pays (25 juin 1975), les Dehoniens ont courageusement affronté d’autres défis, peut-être inattendus, certainement tragiques. A cela s’ajoutent les nationalisations, avec l’expulsion des dehoniens (ainsi que d’autres religieux et religieuses) des résidences des missions : un moment qui a donné la possibilité d’un témoignage prophétique, avec le choix de rester parmi les gens, en construisant des habitations simples et pauvres afin de rester aux côtés des communautés. Et peu après est venue la terrible période de la guerre civile (1976-1992), qui a vu les guérilleros de la RENAMO s’opposer au gouvernement au parti unique du FRELIMO. Jusqu’en 1992 (date de la signature d’un accord de paix), la souffrance de la population a été extrême et la violence a atteint des sommets indescriptibles. Des millions de Mozambicains se sont réfugiés dans les pays voisins, beaucoup sont morts de mort violente et de privations, beaucoup ont été contraints de vivre dans des situations extrêmes de pauvreté, de manque de tout bien et d’assistance, abandonnés à eux-mêmes. Et les Dehoniens ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour soutenir le peuple. Certains, précisément à cause de ce choix, ont été pris dans des enlèvements par la RENAMO, d’autres enfermés dans des zones occupées par la guérilla pendant de longs mois, voire des années. De nombreux autres ont été contraints d’abandonner leurs missions. Mais la présence au Mozambique n’a jamais cessé, et le plus beau fruit a été la croissance des communautés même en temps de guerre et de dispersion, un signe clair de la validité du choix prophétique dans le processus de création du nouveau style d’église. Les communautés sont devenues les protagonistes d’histoires de foi qui portent le signe de l’Esprit. Je ne mentionne que les marches héroïques au milieu de dangers extrêmes pour pouvoir chercher un prêtre hors du Mozambique (au Malawi) pour faire consacrer les particules et pouvoir ainsi distribuer l’Eucharistie ; les réunions et les célébrations défiant et surmontant la peur de la violence et des enlèvements ; la construction de chapelles avec des matériaux précaires pour pouvoir se réunir même en pleine forêt…

Le tournant de 1992

Tout cela jusqu’en 1992, le 4 octobre, lorsque l’accord de paix a été signé à Rome, mettant fin à 17 ans de guerre civile. Une célébration qui a ouvert le temps de la réconciliation et de la reconstruction. La paix a éclaté et de nouveaux défis sont apparus, en premier lieu la réorganisation de la présence dans les missions dont nous étions sortis pendant la guerre. En tant que dehoniens, nous avons ressenti le besoin d’être présents dans les communautés chrétiennes, mais aussi de caractériser notre présence, en abandonnant une certaine ” généricité “. C’est ainsi qu’est né l’engagement de récupérer le centre Gurue, dédié à la formation technico-professionnelle des jeunes. Et de reprendre le centre de Milevane, détruit pendant la guerre, pour essayer d’en faire un centre de pastorale et d’animation.

Et puis les missions, dont l’accompagnement a nécessité un grand engagement après quelques années de relatif désintérêt. Entre-temps, cependant, les séminaires diocésains avaient commencé à préparer le clergé pour les diocèses. C’est ainsi que certaines missions (appelées plus tard paroisses) sont passées sous la responsabilité du clergé diocésain et qu’une nouvelle congrégation a rejoint les Dehoniens dans le diocèse de Gurue. Ainsi, les Dehoniens sont désormais présents dans 4 paroisses du diocèse de Gurue, mais ils ont étendu leur rayon d’action en ouvrant une présence pastorale dans le diocèse de Nampula et en reprenant une paroisse dans la ville de Maputo, la capitale du pays.

Dehoniens en hausse

L’année 1998 a marqué une étape importante dans l’histoire des Dehoniens au Mozambique : le passage de la région à la province. Un pas qui signifiait la reconnaissance du chemin parcouru, de la croissance visible, d’une certaine solidité de la présence au Mozambique. C’est dans ce contexte que nous constatons que les maisons de formation se sont également développées. Il existe désormais une communauté pour l’année propédeutique, la communauté pour les études de philosophie et la communauté du noviciat. Pour la théologie, le choix a été fait de travailler en collaboration avec d’autres entités, pour la formation dans les communautés internationales. La priorité est la communauté de Pietermaritzburg, en Afrique du Sud. Les perspectives professionnelles sont bonnes, on peut penser à une croissance régulière, mais sans rêver à de grands bonds en avant. A présent, le chemin est tracé, et la présence européenne se limite à quelques frères, tandis que la majorité de la présence dehonienne est mozambicaine : sur 44 membres de la province, 34 sont mozambicains. Et pour cela nous remercions le Cœur du Christ qui bénit la Province du Mozambique avec des vocations.

Pourquoi célébrer 75 ans de présence au Mozambique ?

En célébrant 75 ans de présence de la congrégation, il y a de la place pour la joie mais aussi pour demander pardon pour toute pauvreté et infidélité. Mettons tout dans le Cœur du Christ, que les missionnaires dehoniens ont voulu servir toutes ces années.

Louons tout d’abord la fidélité de Dieu, qui a toujours accompagné de son Esprit le service pastoral de nos frères dehoniens au Mozambique. Nous célébrons la passion pour le Royaume du Cœur du Christ manifestée par tous ceux qui ont été les protagonistes de cette histoire : d’Italie, du Portugal, du Mozambique. Nous nous souvenons de tous ceux qui ont donné leur vie pour ce travail missionnaire (il y a 44 frères qui ont servi ici et sont entrés dans la gloire du Seigneur ; parmi eux, 20 sont enterrés en terre mozambicaine).

Nous souhaitons également exprimer nos remerciements aux deux provinces qui ont le plus contribué au développement de notre présence, la Province d’Italie du Nord et la Province du Portugal. Mais nos remerciements s’adressent également à toutes les entités qui, au cours de ces 75 années, ont fait preuve de solidarité et de soutien pour notre voyage dehonien dans cette terre du Mozambique.

Que le Seigneur bénisse tout le monde par l’abondance des grâces qui découlent de la blessure salvatrice de son Cœur transpercé.

Pour tout ce que nous avons vécu au cours des 75 ans de notre présence, nous sentons le regard miséricordieux du Seigneur sur nous, qui nous appelle encore aujourd’hui comme des disciples bien-aimés.

A lui nous répondons une fois de plus, et avec passion : Adveniat Regnum Tuum !

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