09 juillet 2021
09 juil. 2021

Notre Vie Spirituelle (IV)Le principe et le centre de notre vie

Présentation en série du « Guide de lecture » des Constitutions, rédigé par le Père Albert Bourgeois.

par  P. Albert Bourgeois, scj

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1. Nova et Vetera

201  Ce principe et formulé clairement et vigoureusement au n. 17 : “Disciples du Père Dehon, nous voudrions faire de l’union au Christ dans son amour pour le Père et pour les hommes le principe et le centre de notre vie”.

202  Ce numéro fait écho à ce qui est dit au n. 6 de l’intention spécifique et originelle du P. Dehon et du caractère propre de l’Institut : “En fondant la congrégation des ‘Oblats’… le Père Dehon a voulu que ses membres unissent d’une façon explicite leur vie religieuse et apostolique à l’oblation réparatrice du Christ au Père pour les hommes”.

203  Le texte des Constitutions de 1885 (reprenant le texte primitif de 1877) parlait “de consoler le Sacré-Cœur en réparant les injures qui lui sont faites et en s’offrant à lui comme victimes de son bon plaisir dans l’esprit de réparation et d’amour qui est leur caractère distinctif” (n. 1).

204  Plus sobrement, et déjà plus proche de notre nouveau texte, celui des Constitutions latines (1906-1956) définissaient “la vie d’amour et d’immolation – “qua Congregatio proprie distinguitur” – comme “la meilleure manière d’imiter la vie de Jésus-Christ, sans cesse immolée pour les hommes” : “vitam Christi, pro hominibus continue immolatam imitari” (n. 9).

205  Le cheminement est sensible de “l’offrande au Sacré-Cœur” à l’imitation de sa vie immolée, puis à “l’union dans son amour”. Le caractère “cultuel” de l’offrande, souligné en 1906-1956 : “sacrificium, reparationem, laudem et amorem Domino exhibére intendentes”, se retrouve bien dans notre texte de 1979 au n. 22, mais l’orientation est différente.

206  Dans la nouvelle formulation, l’union au Christ – qui est le Christ-Serviteur, Sauveur et Seigneur présenté aux nn. 9-12 – est union au Christ dans son amour et son oblation. Son amour, reconnu dans le mystère du Côté ouvert (cf. nn. 19-21) est un amour qui “dans le don total de soi, recrée l’homme selon Dieu”. Notre oblation est “insertion, avec et comme le Christ, dans le mouvement de l’amour rédempteur” (21). C’est un “diaconie” (service) et c’est comme telle qu’elle cultuelle. Ainsi celle de Jésus dans l’accomplissement de sa mission (cf. Heb 10,5-10), ou celle de S. Paul dans l’annonce et le service de l’Evangile : “c’est le culte que je rends en mon esprit” (Rom 1,9)… Officiant de Jésus-Christ auprès des païens, consacré au ministère de l’Evangile de Dieu, afin que les païens deviennent une offrande qui, sanctifiée par l’Esprit- Saint, soit agréable à Dieu” (Rom 15,16).

207  La perspective de “l’oblation” comme union avec le Christ n’était certes pas absente ni étrangère à l’intention originelle du P. Dehon. Ainsi dans les Constitutions de 1885 : “La vocation des Prêtres du Cœur de Jésus ne se peut concevoir sans la vie intérieure… Le caractère propre de la vie intérieure des Prêtres du Cœur de Jésus c’est l’union avec le divin Cœur” (cf. VIII, § 2 nn. 1 et 3 : textes repris dans le Directoire Spirituel VI § 21).

208  Et il ne serait pas difficile d’accumuler les citations et les références sur cette union avec le Cœur du Christ pour vivre et agir avec et comme lui.

209  Mais cette union “avec” apparaît surtout en fonction de la “vie intérieure”, dans la perspective de la sanctification personnelle. Notre nouveau texte est beaucoup plus clair et déterminent avec une insistance qui ne laisse aucun doute sur l’intention et l’orientation. Nous y verrons volontiers un trait de la “rénovation adaptée” poursuivie dans la ligne de la “fidélité dynamique” à l’intention originelle.

210  Le grand avantage est de caractériser “notre oblation” elle-même non pas seulement comme un moyen de perfection (imitation) ou un acte de “dévotion”, mais comme un véritable “charisme”, nous habilitant pour une mission dans l’Eglise. C’est parce qu’elle est union à l’oblation rédemptrice et réparatrice du Christ que notre oblation pourra être définie comme un “charisme prophétique” (n. 27).

211  L’oblation comme “union au Christ dans son amour et son oblation”, c’est la forme qui doit caractériser la “sequela Christi” dehonienne.

212  Celle du P. Dehon : “union intime au Cœur du Christ, adhésion, venant de l’intimité du Cœur, et qui doit se réaliser dans toute sa vie, surtout dans son apostolat” (5).

213  Notre vie religieuse et apostolique :

–   “unie à l’oblation réparatrice du Christ au Père pour les hommes” (6)

–   “union au Christ dans son amour pour le Père et pour les hommes, principe et centre de notre vie” (17) ;

–   “union au Christ vécue dans la disponibilité et dans l’amour pour tous, en aimant comme lui en acte et en vérité” (18) ;

–   “une vocation qui est appel à nous insérer dans le mouvement de l’amour rédempteur en nous donnant pour nos frères avec et comme le Christ” (21) ;

–   “une offrande de nous-mêmes au Père en solidarité avec le Christ et avec l’humanité” (22) ;

–   “la réparation, comme réponse à l’amour du Christ pour nous, vécue dans la communion à son amour pour le $ère et la coopération à son œuvre de rédemption” (23) ;

–   “l’offrande des souffrances, comme une éminente et mystérieuse communion aux souffrances et à la mort du Christ pour la rédemption du monde” (24) ;

–   “en tout ce que nous sommes, faisons et souffrons pour le service de l’évangile, notre amour, par notre participation à l’œuvre de la réconciliation… consacre l’humanité pour la Gloire et la Joie de Dieu” (25).

214  Et l’on pourra continuer la recherche nn. 26, 27, 35, 38, 39…

215  L’union au Christ dans son amour pour le Père et pour les hommes (17,23) est union au Christ dans son oblation au Père pour les hommes (6, 21, 22, 24) ; et cela, en vertu même de la nature de l’amour, de l’“agapè” dont nous expérimentons “la présence active dans notre vie”. De là l’importance, pour une authentique vie d’amour et d’oblation, d’une sérieuse conception et théologie de cette charité qui doit en être le fondement et la lumière.

2. Deux textes

216  Pour caractériser notre “expérience et notre vie spirituelle” notre texte nous renvoie à deux citations de S. Jean :

–   1Jn 4,16 : “nous avons connu l’amour de notre Dieu”,

–   Jn 15,4 : “Demeurez en moi comme je demeure en vous”.

217  Ces deux versets sont évidemment une invitation à en méditer le contexte : 1Jn 4,7-21 et Jn 15,1-17. Sans exclure évidemment d’autres textes possibles – Eph 3,17-19 et 5,2 sont explicitement cités – ces deux textes de S. Jean sont riches d’une profonde théologie de la charité, de “la présence active de l’amour dans notre vie”.

2.1. 1Jn 4,7-21

218  Sans en faire ici une analyse et un commentaire détaillés, notons-en le mouvement et les articulations.

219  La “connaissance” et l’expérience de l’amour de Dieu qui est amour (v. 7-8), nous la faisons dans l’expérience d’être aimés, expérience que nous fait-en Jésus et par Jésus, envoyé et immolé (v. 9-10), et dans l’expérience d’aimer, expérience que nous ne pouvons faire qu’en nous aimant les uns les autres, parce que cet amour que nous vivons, c’est Dieu même qui aime en nous, et son amour en nous est accompli (teteleiomene), à la fois reconnu, reçu et agissant (v. 11-12).

220  La “charité” (agapé), au-delà de la pratique d’une vertu, c’est le mystère de la vie même de Dieu que nous vivons en et par Jésus-Christ (v. 16), une expérience vécue comme celle d’une “intériorité réciproque” : Dieu en nous et nous en lui “Et cet amour agissant” en acte et en vérité (cf. 3,16-18) est un amour témoignant et confessant (v. 13-15), principe d’assurance et de liberté (v. 17-18), par cet Esprit qu’il nous a donné (1Jn 4,13 et 3,24), l’Esprit qui nous fait enfants de Dieu (cf. 3,1-2) et qui, selon S. Paul crie en nous “Abba! Père!” (Gal 4,6 et Rom 8,15-16).

221  Ce chapitre 4 de la 1Jn, et plus généralement l’ensemble de cette lettre, mérite une méditation attentive, comme un des textes-clés pour l’expérience dehonienne : vie d’amour contemplatif (9-10) s’accomplissant dans le témoignage et le service (v. 12-15), une vie dont la loi est celle de l’intériorité réciproque (16), une vie d’oblation filiale, parce que tel il est lui, Jésus, tels nous sommes aussi dans ce monde, lui qui est envoyé… afin que nous vivions par lui victime d’expiation pour nos péchés (v. 9-10).

222  La “connaissance” à laquelle nous sommes appelés est évidemment autre chose que ce qu’on acquiert par l’étude : elle le fruit de l’oblation elle-même, à la mesure même de notre union à l’oblation du Christ lui-même.

2.2. Jn 15,1-17

223  C’est l’allégorie de “la Vigne” : un texte à méditer ‘avec prédilection’.

224  Le P. Dehon le méditait lui-même et le proposait avec prédilection, comme la meilleure description de sa propre expérience et de l’expérience SCJ, le programme de cette “vie d’amour” qui constitue à ses yeux le type même d’une vie spirituelle dehonienne (cf. Vie d’amour : méditations 2, 11, 13, 22, 25, où Jn 15 est proposé comme texte inspirateur).

225  Le texte est à prendre dans son ensemble, la seconde partie (v. 9-17) venant expliquer et confirmer la première (v. 1-8), comme le montre les retours d’expressions et la charnière marquée au v. 9 “Demeurez dans mon amour”, unissant les deux mots-clés de chacune des sections.

226  Deux grandes lignes de réflexion peuvent être retenues.

227  Pour la théologie de l’agapé et de la “vie d’amour”, dans l’allégorie même de la Vigne, communion et communication de vie et de fécondité ; dans le v. 9 : “Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés” et v. 12 : “Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres”. Les exégètes font remarquer que dans les deux versets, comme dans les formules analogues fréquentes en S. Jean, “comme” (kathôs) a toute sa force, non seulement comparative, mais causale, pour la charité trinitaire et pour l’amour chrétien la présence active de l’amour de Dieu en Christ et du Christ en nous, selon la loi et le principe d’intériorité réciproque formulé en v. 4 et 10.

228  Pour une théologie de la mission, du “charisme” de la vie d’amour, à laquelle le disciple est “appelé” et pour laquelle il est “institué” (v. 15-16), par vocation et charisme, pour “porter du fruit”, en demeurant dans l’amour, selon toute la force de verbe “demeurer” (menein) en S. Jean…

229  Ces deux textes, bien médités, ‘avec prédilection’, aident à donner à l’expression du “principe et du centre de notre vie” toute sa résonance théologale, spirituelle et apostolique. Selon ce principe, notre “suite du Christ” ne peut être seulement “imitation” d’un modèle, fidélité à un enseignement ou à un programme. Celui de toute vie religieuse, dit le n. 14, c’est “l’adhésion pleine et joyeuse à la Personne de Jésus-Christ”, et pour le P. Dehon, c’était “une adhésion venant de l’intimité du Cœur” (n. 5). Pour nous comme pour lui, c’est “l’union au Christ dans son amour pour le Père et pour les hommes” (17). Le programme de notre vie, s’il en est un, ne sera pas seulement celui des Béatitudes et du Sermon sur la montagne, mais celui du Discours après la Cène et de la Prière de Jésus au chapitre 17 de S. Jean.

3. Une “intériorité réciproque”

230  La grande loi de notre vie sera cette loi d’intériorité réciproque formulée dans les deux textes proposés (et qui se retrouve en Jn 6 à propos de l’Eucharistie et en Jn 17 comme principe de la vie des disciples et de l’église).

231  C’est un thème qui est relevé par les exégètes comme particulièrement significatif : une loi de l’expérience spirituelle chrétienne. On le retrouve dans J. Paul comme dans S. Jean, si l’on veut donner aux expressions de “la vie dans le Christ” et de “la vie du Christ en nous” toute leur résonance et leur prolongement spirituel, et même mystique.

232  Quelles que soient les précisions et les nuances dont il faut tenir compte, cette “loi” est supposée dans la pensée et les exposés du P. Dehon sur la “vie d’amour” et dans la description proposée par nos nouvelles Constitutions de l’expérience dehonienne (nn. 2-5) et de notre vie spirituelle (n. 17), selon une caractéristique qu’il faut préciser.

233  Les Constitutions de 1885 parlaient d’“union avec le divin Cœur” explicitant et caractérisant l’adhésion à la Personne et “l’union au Christ”, selon une voie d’approche du mystère du Christ qui est le mystère du “Côté ouvert” et du Cœur transpercé. C’est au Christ dans l’acte suprême de son amour et du don de lui-même, de son oblation rédemptrice et réparatrice, que nous sommes appelés à nous unir, dans une “intériorité réciproque”.

234  On vérifiera facilement, tout au long du texte, l’expression de cette union dans l’amour et dans l’oblation : “avec et comme le Christ” (21), pour “aimer comme lui an acte et en vérité” (18) (cf. nn. 4, 6, 17, 18, 22, 23, 24, 26, 35). C’est là l’intention originelle du P. Dehon et le caractère propre de l’Institut (6). Cette union à l’oblation réparatrice du Christ au Père pour les hommes, c’est le “service” que l’Institut est appelé à rendre à l’Eglise (6). Aussi une juste compréhension de la nature de cette “oblation” est indispensable pour une juste appréciation de ce que doit être notre “dévotion au Cœur de Jésus” et de ce que notre texte appelle “notre charisme prophétique” au service de la mission du Peuple de Dieu dans le monde d’aujourd’hui (n. 27).

4. Une oblation réparatrice

4.1. Dans la vie et les écrits du P. Dehon

235  Ce thème central de l’ “oblation” mérite d’être étudié et médité dans la vie et les écrits du P. Dehon et dans la tradition spirituelle de la Congrégation.

236  Pour la vie et la formation du P. Dehon lui-même, dans ses notes de séminaire (NQT I-II), et pour la fondation de la Congrégation, dans le déroulement de sa vie à Saint-Quentin, ces longues années d’attente et de recherche de sa propre vocation et de sa mission (cf. STD n. 9).

237  Dans les textes officiels des Constitutions primitives de 1885 (cf. STD n. 2) et les commentaires du P. Dehon à ses novices (cf. CF, V, p. 82-83).

238  Et dans le Directoire Spirituel (I° et II° parties) et sur la “profession d’immolation” (III § 5) ou les vertus propres à notre vocation (VI° partie § 19, 20, 21).

239  En fait, l’oblation est partout et c’est en fonction de l’oblation que vertus, exercices et pratiques sont présentées. Malgré les apparences parfois ou des expressions qui peuvent sembler un peu réductrices ou démodées, cette vie d’oblation, exigeante certes, n’est pas sans profondeur doctrinale.

240  En caractérisant avec insistance notre ablation comme “union à l’oblation du Christ”, nos nouvelles Constitutions ont indiqué et précisé pour nous la voie de fidélité dynamique pour l’actualisation de notre oblation comme principe unificateur de notre vie religieuse et apostolique.

241  Cela dans la ligne d’une théologie de la charité, qui n’est pas seulement une vertu à pratiquer, “la plus éminente des vertus” selon l’expression du Directoire (I § l), mais comme la vie même de Dieu, le mystère de Dieu à reconnaître, à accueillir et dans lequel il faut entrer: un mystère d’oblation, dans lequel Dieu aime en tiennent et en se donnant, dans lequel le Verbe aime en s’incarnant et le Christ en habitant parmi nous, en vivant et en mourant pour nous. C’est l’amour comme ouverture et don de soi. Le propre de l’amour, c’est de donner et de se donner ; c’est l’oblation.

4.2. Une oblation filiale et réparatrice

242  L’oblation intéresse et engage notre être d’homme et de chrétien, dans sa relation à Dieu, notre Créateur et notre Père, par et en Jésus-Christ.

243  Oblation essentielle de la créature à son Créateur, de l’image qui tend à la ressemblance, “principe et fondement”, selon S. Ignace, d’une “indifférence” qui est disponibilité à Dieu, dans un élan positif, le choix de répondre plus pleinement à l’amour et se livrer à son service selon la fin pour laquelle nous sommes créés.

244  Oblation “filiale”, dont le Christ, Verbe et Fils incarné, Image du Dieu invisible et Premier-Né de toute créature (Col 1,15), est l’image originelle et exemplaire en qui le Père nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ (Eph 1,5-6). Notre oblation, au-delà d’un devoir à remplir, devient une exigence même de notre être chrétien, appelé à devenir ce qu’il est, un fils vivant à plein l’exigence d’un amour filial.

245  Oblation rédemptrice et réparatrice, dans l’union à l’oblation du Cœur transpercé du Sauveur, nous ouvrant, en lui et par son sang, à toute sagesse et intelligence (Eph 1,3-4). Notre oblation est en nous le fruit de l’Esprit-Saint, l’Esprit du Christ qui crie en nous : “Abba ! Père!… Père que ta volonté soit faite… Ecce venio…!” : une oblation d’amour filial, d’un amour rédempteur et réparateur, jusqu’à l’immolation du sacrifice, et qui déjà réalise en nous et pour les autres, dans l’Eglise et pour le monde, le dessein d’amour bienveillant du Père pour réunir l’univers sous un seul Chef, le Christ.

246  Ces perspectives – qui sont celles d’Eph 1, 3-14, – se retrouvent quelque peu dans les trois premières méditations des “Couronnes d’amour” (I, 1° myst. méd. 1, 2, 3). Cela fait partie, dit le texte, des “premières bases de notre amour pour le Sacré-Cœur”. Ainsi comprise, notre oblation n’est pas affaire de formules pieuses ni de convenances personnelles, mais s’impose à nous au nom de ce qu’il y a de plus fondamental dans la révélation et comme une exigence de vie, par la force même de l’amour, de l’Esprit agissant en nous et nous assimilant à Jésus-Christ dans son amour pour le Père et pour le hommes. Non pas un “exercice” de piété, mais le principe d’une vie, de toute la vie, prières, travaux, souffrances, joies (n. 7), ce qui détermine notre “visée spirituelle” et le “témoignage prophétique” – que nous sommes appelés à porter dans l’Eglise et le monde d’aujourd’hui.

4.3. En sacrifice… pour le péché

247  Notre oblation est réparatrice : union au Christ dans son “amour méconnu”, pour “remédier au péché et au manque d’amour dans l’Eglise et dans le monde” (n. 7). Pour nous, comme pour le p. Dehon, de notre “sensibilité au péché” (4), “à ce qui, dans le monde actuel, fait obstacle à l’amour du Seigneur” (29), dépend notre compréhension de la réparation et du caractère réparateur de notre oblation.

248  L’oblation du Christ est oblation du Fils de Dieu, “fait péché pour nous” (2Cor 5,21). La nôtre est celle de fils “impliqués dans le péché” (n. 22), en solidarité avec le Christ “fait péché” et avec l’humanité pécheresse dont nous sommes membres ; et c’est en raison de cette double solidarité que notre oblation est rédemptrice et réparatrice.

249  Cette ligne de réflexion est à creuser, si l’on ne veut pas réduire l’oblation, “participation à la grâce rédemptrice”, à une pure abstraction ou à une formule généreuse et pieuse. L’offrande vivante, sainte et agréable à Dieu, c’est d’abord et nécessairement un sacrifice.

250  Le mot apparaît (Thusia), dans la citation d’Eph 5,2, joint à celui d’offrande (prosphora), et il doit être bien compris, non pas seulement dans son sens moral et ascétique (la mortification-sacrifice), mais proprement théologique.

251  Le P. Dehon se référait volontiers à la théologie du sacrifice selon l’Ecole française (P. de Condren) cf. Directoire Spirituel III, V § 1 : les définitions du sacrifice, de la victime, de l’oblation et de l’immolation-destruction. Il aime à souligner quand il traite de l’oblation, qu’il s’agit d’une “immolation”, d’une oblation “en esprit d’immolation” (ou de victime) ; “De spiritu amoris et immolationis”, selon le titre des anciennes Constitutions (chapitre II) ; et il consacre un de ses “Avis et Conseils” (IV) à “l’esprit de victime en union avec le Sacré-Cœur”.

252  La référence au Côté ouvert et la dévotion au Cœur de Jésus selon Paray-le-Monial vont évidemment dans ce sens, et quoi qu’on pense des termes employés, on ne peut méconnaître cette dimension sacrificielle de l’oblation réparatrice. Le n. 24 des nouvelles Constitutions le souligne explicitement en citant le texte fameux de Col 1,24.

253  Spontanément cependant, ce n’est pas au sacrifice-destruction de l’école française que se réfère le p. Dehon (le texte du Directoire est, de fait, du P. André, dans l’édition de 1908).

254  L’immolation dehonienne, c’est l’oblation d’amour “usque ad finem”, comme celle de Jésus.

255  Notre oblation est union à l’oblation qui christ “qui s’est livré” (Gal 2,20 ; Eph 5,2), qui donne sa vie (Jn 15,13), comme victime d’expiation (lJn 4,10) ; et l’Ecce venio nous renvoie à l’Epître aux Hébreux, celle du sacerdoce et du sacrifice du Christ, nous invitant à garder “les yeux fixés sur Celui qui est l’initiateur de la foi et qui la mène à son accomplissement” (Heb 12,2). Comme pour le P. Dehon, “notre vie dans la chair, nous devons la vivre dans la foi au/du Fils de Dieu qui nous a aimés et s’est livré pour nous” (Gal 2,20). Tout au long du texte, les citations et références soulignent cette dimension sacrificielle de l’oblation : Gal 2,20 (2) ; Mc 10,45 (10) ; 1Pet 2,21 (13) ; Heb 5,9 (19) ; 1Jn 3,16 (21) ; Eph 5,2 (22) ; Col 1,24 (24).

256  Notre oblation, dans “le mouvement de l’amour rédempteur” (21), c’est “notre coopération à l’œuvre de rédemption” (23), participation à l’œuvre de réconciliation (25), “au service de la mission salutaire du Peuple de Dieu dans le monde d’aujourd’hui” (27). Comme celle de Jésus, dans notre oblation s’enracine notre “mission” et c’est ainsi qu’elle réparatrice et rédemptrice. L’oblation sacrificielle de S. Paul, son “sacrifice spirituel”, c’est d’abord et surtout sa vie d’apôtre (cf. Rom 1,9 et 15,16). Pour nous aussi, notre “charisme prophétique”, dans “la visée spirituelle” qui commande notre “participation à la mission de l’Eglise”, en esprit d’amour et de réparation, “culte d’amour et de réparation rendu au Cœur de Jésus” (n. 7), nous le vivons comme un “sacrifice”.

257  Nous rappelle Mutuae Relationaes, c’est une constante historique que “la liaison entre le charisme et la croix” (n. 12).

5. Les “voies” de l’union

258  “Fidèles à l’écoute de la Parole et au partage du Pain…”

259  Les “voies” de l’union, ce sont celles de la “connaissance”, la connaissance de l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, selon Eph 3,19 cité au n. 17.

260  On notera qu’en se référant à ce texte, le n. 17 parle de “découvrir de plus en plus la Personne du Christ et le mystère de son Cœur, et d’annoncer son amour qui surpasse toute connaissance”.

261  L’intention est évidente de marquer la perspective prophétique et apostolique de cette découverte et de cette “connaissance”, en plein accord d’ailleurs avec le contexte du verset de Paul, parlant ici comme “ministre de la grâce… cette grâce d’annoncer aux païens l’impénétrable richesse du Christ et de mettre en lumière comment Dieu réalise le mystère tenu caché depuis toujours” (Eph 3,7-9).

262  Nos nouvelles Constitutions nous indiquent plusieurs “voies” de cette “union au Christ dans son amour et son oblation”, princier et centre de notre vie.

263  Au n. 17 : l’écoute et la méditation de la Parole – et cela sera développé et précisé aux nn. 76-79 : “Nous contemplons l’amour du Christ dans les mystères de sa vie” – et notamment, selon le n. 21, dans le mystère du “Côté ouvert” ; et “dans la vie des hommes” : recherchant les signes de sa présence… (28) “attentifs aux appels qu’il nous adresse…” (35).

264  Cette voie de la contemplation nous fait progresser “dans la connaissance de Jésus” (78), “pour nous laisser renouveler dans l’intimité avec le Christ et nous unir à son amour pour les hommes” (79).

265  Et nous sommes invités à l’assiduité à la prière (76), à nous ménager des temps de silence et de solitude (79) ; de cela dépend la fidélité de chacun et de nos communautés et la fécondité de notre apostolat (76).

266  La partage du Pain : ce thème, particulièrement important sera développé aux nn. 80-84.

267  Il s’agit de “la source et du sommet de toute notre vie chrétienne et religieuse” (80) ; le sacrifice où nous nous unissons à l’oblation parfaite du christ (81) ; le sacrement de sa présence, où nous approfondissons notre union au sacrifice du Christ (83) et répondons à l’invitation de rencontre et de communion que le Christ nous adresse dans ce signe privilégié de sa présence (84).

268  La souffrance… comme une éminente et mystérieuse communion aux souffrances et à la mort du Christ (n. 24)

269  Le service des frères, cette disponibilité de l’amour dans laquelle nous vivons notre union au Christ (n. 18) et notre communion au Christ présente à la vie du monde (22), en solidarité effective avec les hommes à la suite du Christ (29), avec et comme lui (21) .

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